Ce titre n'est pas de la provocation ni de l'autodérision: le 1er objectif de ma candidature à l'élection départementale est atteint même si mon score personnel est médiocre. Evidemment je ne me réjouis pas de terminer ce premier tour en dernière position et surtout je regrette de n'avoir pas convaincu qu'il est possible de sortir du dilemme "UMPS / FN".
Mais mon objectif n'était pas de figurer dans les éligibles et encore moins dans les élus au conseil départemental. Ayant eu dans ma longue vie professionnelle des responsabilités d'un tout autre niveau qui m'ont permis de juger des grandeurs et petitesses du pouvoir et ne m'ont laissé ni frustation ni besoin de reconnaissance, d'honneurs ou de privilèges, je n'étais pas de ceux que l'ambition politique excite à jouer les toque-manettes et les illusionnistes. Si j'ai décidé tardivement de participer à cette compétition avec le mouvement l'Olivier c'est parce que sa démarche départementale - d'indignation et de rénovation - convergeait avec celle que j'ai engagée sur Saint-Cyprien depuis 2009: combattre le système olygarchique qui confisque le pouvoir délégué par les électeurs, transforme le mandat démocratique en fauteuil confortable et qui, au fil des élections, distribue souverainement, via les partis dominants, la maîtrise d'un territoire aux membres cooptés d'une caste de politiciens vivant d'indemnités et installés (souvent en famille) dans des sinécures durables.
L'objectif 1er était donc, et il reste, de s'opposer à cette mécanique de l'entre-soi, qui prétexte le besoin d'alternance (c'est-à-dire la rotation des fauteuils en l'occurence de gauche à droite) pour faire monter à l'étage supérieur les élus installés au rez-de-chaussée. En clair, il s'agissait de dire "non" aux 4 maires de ce nouveau canton qui prétendent s'approprier la représentativité absolue du territoire en ajoutant à leur écharpe municipale les insignes et indemnités départementales. Ces 4 maires qui, photos et signatures personnelles à l'appui, osaient engager dans cette compétition départementale la confiance déléguée par les électeurs municipaux en soutenant que leur mission de maire les mandate pour choisir ceux d'entre eux qui s'imposent comme conseiller départemental titulaire (le maître de Saint-Cyprien) ou remplaçant (son collègue de Saleilles) ou comme doublure féminine (deux adjointes aux 1ers magistrats de Canet et de Saint-Nazaire).
Nous avons dit et répétons "les cumuls, ça suffit" : si vous avez voulu être élus maires restez le, exercez les responsabilités auxquelles vous avez postulé, faites le boulot d'intérêt général qui vous incombe au niveau de la commune, ça devrait vous occuper suffisamment et vous étes loin d'avoir satisfait à vos promesses et à vos obligations.
Nous avons dit qu'il était indécent que les maires des deux prinicpales villes de la côte se répartissent ainsi avec la bénédiction de leur parti les sièges à pourvoir, l'un maintenant au département et l'autre demain à la région (un pour Del Poso, un pour Dupont) : les Dupont et Pondu du clanisme local, ça suffit! Que M. Del Poso construise son gymnase à plus de 4 millions et M. Dupont son aquarium à 10. Que M. Del Poso lève des impôts et souscrive de nouveaux emprunts (après les élections) après avoir bradé depuis 5 ans le patrimoine communal, qu'il continue à accroitre les annuités de dette à payer à Sud-Roussillon, qu'il continue à annoncer que le Ministre va signer la création de la clinique pour sportifs et handicapés (sic), qu'il continue à mettre des caméras aux portes de la ville et des écoles et qu'il place l'église au centre du village ... tout ça reste à faire entre quelques meetings, feux d'artfice et autres parades de marketing politicien. Que M. Dupont bouche le trou d'un demi milliard d'euros de l'agglomération de Perpignan dont il est le vice-président chargé des finances et garde son adjointe dans sa ville. Que ces élus de base, parvenus à leur poste par le malheur de leurs prédécesseurs, n'aient pas pour ambition première de les imiter en cumulant pendant des décennies les mandats locaux au risque de perpétuer cette "chienlit" de l'ère Bouille stigmatisée par le Procureur de la République, c'était le message lancé aux électeurs par ma candidature sous le signe de l'Olivier.
Cette mise en garde a été entendue puisque malgré le déploiement de moyens et de soutiens le maire de Saint-Cyprien échoue dans son espoir d'une élection de maréchal, puisqu'il perd la confiance de la majorité des électeurs dans sa ville : il avait eu 3 466 voix en mars 2014, il en recueille 2 103 en 2015 soit une chute de plus de 39 % en un an ... alors qu'il avait le concours de tous ses collègues voisins ! Et petite vexation supplémentaire le maire de Canet fait mieux que lui en ramenant 42 % de suffrages à l'UMP alors que Saint-Cyprien score à 40 % malgré un taux de participation supérieur. Le maire local n'avait pas peur, proclamait-il avant le 1er tour. Il a de bonnes raision d'être inquiet aujourd'hui puisque son avance par rapport à ses concurrents du 2ème tour n'est que 283 voix alors que dans sa propre commune il y a 1278 voix recueillies par les listes du 1er tour qui devront se redistribuer au second entre l'UMP et le FN.
Le binome de gauche ne donne aucune consigne de vote pour le 2ème tour.
Ma position est différente. Elle est claire et cohérente avec mon engagement. J'ai participé pour faire barrage aux cumulards de pouvoirs et d'indemnités, afin de redonner à ce département des élus dignes, compétents et disponibles. Le vécu local depuis 2009 oblige à constater que l'élu municipal de Saint-Cyprien ne satisfait pas à ces exigences de renouvellement qualitatif, ni au plan du respect de la démocratie et de la loi ni au plan de l'efficacité de gestion. L'objectif du 1er tour demeure inchangé pour moi: ne pas transposer à Perpignan ce qui ne marche pas à Saint-Cyprien.
Bien sûr l'option de remplacement que nous avions proposée ayant disparu il ne reste plus que l'alternative extrème laquelle, comme nous, dénonce le système de castes partisanes et de baronnies locales mais, contrairement à l'Olivier et hier à Mosaïque, n'offre pas de solution de remplacement crédible. Je n'adhère pas au credo du Front National, ni à son programme de repli économique qui ne tient pas la route, ni à ses "préférences" sociales ou sécuritaires contraires à ma conception humaniste de la société et de la République françaises. Je n'ai jamais voté FN et ne le ferai pas dimanche prochain. Mais le FN existe, il représente plus de 30 % de la population, ce n'est pas un parangon de vertu et de démocratie, il est porteur de colère plus que gouvernance et il est porté par cette colère populaire plus que par la raison. Toutefois la démocratie a eu tort de le confiner dans une opposition marginale qui lui a offert un espace facile de recrutement et d'expansion, la sagesse (autant que la véritable règle démocratique) eut été de lui donner l'accès aux instances institutionnelles que son audience justifiait, la pratique de la gestion étant la seule épreuve qui permette peu à peu soit de l'intégrer sainement dans les institutions, soit d'en dégonfler les outrances.
En clair, le FN n'est pas fait pour moi et je ne suis pas fait pour lui mais je comprends qu'il puisse être le refuge de citoyens en déshérence civique, d'électeurs qui veulent crier leur colère et qui, je le regrette mais le constate, pensent qu'il faut en passer par là. Alors s'il faut en passer par là, que ceux qui ne veulent plus se soumettre au système de caste, des Dupont et Pondu, des Calvet, Del Poso, Ferrand et autres et qui veulent la rupture des clans et l'abolition des cumuls prennent tous les moyens démocratiques pour y mettre fin ... en tous cas pour ne pas en perpétuer la pratique en mettant Del Poso sur la lignée de Bouille.t
Je ne voterai pas moi-même pour le Front National dimanche prochain mais je ne désavouerai pas mes électeurs d'hier qui, déçus, y verraient la seule issue à leur indignation et à leur volonté de rupture.
Ce message est un témoignage de confiance en la sagesse des électeurs qui m'ont fait confiance et m'ont suivi hier, et dans les années passées. Confiance en leur choix dans le double intérêt de la commune et du département.
Je les remercie chaleureusement de leur soutien et de leurs votes qui répondent bien à notre objectif et qui doivent permettre de le confirmer dimanche prochain.
Jean JOUANDET