Ce blog en a analysé depuis 2009 les prémices. En voici un rappel avec l'article publié le 9 septembre 2011, lors de la campagne pour l'élection des sénateurs où les leaders de tous les partis ont étalé les vices du système qui ont fait la propérité de ce parti que maintenant tous déplorent en se bouchant le nez et en s'en renvoyant les responsabilités mal odorantes.
Le maire d'ici était alors au coeur de ces maneuvres indécentes qui ruinent la crédibilité des politiques, polluent la politique et ouvrent la porte aux grands courants d'air, de colère et de rebellion républicaines.
Et tous ceux qui ont laissé faire - les électeurs, les observateurs, les contrôleurs, tous les pouvoirs et contre-pouvoirs de droit ou de fait - et qui sont aujourd'hui prêts à absoudre les responsables d'hier sont responsables pour ne pas dire coupables quand ils n'ont pas le courage ou la lucidité de battre leur coulpe.
Thierry, Jean-Paul, François, Christian et bien d'autres sont les parrains des trublions de la démocratie. Ils ont perdu le droit de donner des leçons de morale et, plus encore, de se donner en exemple
Vous les connaissez : ils sont élus, prétendent le devenir ou aspirent à un mandat supérieur. Ils font risette et bisou-bisou, dans les discours ils claironnent les valeurs de la République et en aparté les avantages que l’on peut en espérer si on vote bien. A chacun de deviner à leurs cajoleries où est le bien. Tout cela est banal, peu noble et guère républicain mais il faut bien vivre, n’est-ce pas ? toute vie exige souplesse et habileté, séduction et violence. Toute vie et plus encore la vie politique. On le sait - au point de trop s’y résigner - le monde politique est une savane de ruse, de force et de cynisme. Pour s’y faire une place qu’importent les amitiés, les valeurs, les convictions.
Dans cette savane, les sénateurs avaient gardé une réputation de sagesse et de respectabilité, héritage des temps où l’âge et la ruralité conféraient à ces élus de second niveau la sérénité apparente des nantis de la politique. Les temps ont-ils à ce point changé qu’une campagne sénatoriale devienne un cirque pitoyable ? un feuilleton de tractations dissimulées, de compromis, de marchandages, de chantages et de reniements où les petits féodaux qui se croient détenteurs de quelques poignées de voix soumettent ceux qui ont stature de grands (concept ici relatif) notables départementaux. Ces " grands " ou plus exactement ceux qui ambitionnent de se caler dans le fauteuil du palais du Luxembourg sont prêts, l’actualité hélas ! le démontre, prêts à tout, humiliations, mensonges, bassesses pour quelques bulletins (au demeurant incertains dans l’isoloir). Voyons le scénario d’après sa caricature locale car on sait que tout est pire qu’ailleurs dans les Pyrénées-Orientales et que tout est encore plus pire à Saint-Cyprien.
Un sénateur bien installé, et à ce titre respecté voire craint (appelons-le familièrement Jean-Paul), organise sa tournée en demandant aux maires de réunir les conseillers municipaux et autres grands électeurs ou suppléants. Quoi de plus normal pour exposer à tous sa conception du mandat et ses options personnelles ? A tous c’est démocratique et surtout chaque voix compte dans un électorat réduit et une compétition aussi serrée. Mais quid si un maire, prétendant arbitrer entre les bons électeurs et les autres - les bons étant ses amis, ses sbires, ses dévots et ses obligés, les autres étant ceux qui de tous poils prétendent à l’indépendance d’esprit et au respect des règles - quid si ce vicomte du village s’investissant du pouvoir de trier les invités du candidat (donc ses électeurs potentiels) exclut les indociles, soit en l’espèce 10 conseillers municipaux ? Que fait notre sénateur en campagne ? il proteste, s’étonne, déplore ou se tait ? Il ne fait rien, il se tait. Peut-être s’étonne-t-il en son for intérieur de ne pas voir quelques têtes connues. Il se tait, ou plutôt il parle aux présents et feint d’ignorer ces " défections " pour ne pas s’aliéner la faveur de son hôte (et de ses dévots). Quid si plus tard quelque candide lui signale l’anomalie (voir notre blog du 26 juillet) et lui fait prendre conscience de la rouerie de son vicomte et de sa propre faiblesse ? Il réfléchit, il grogne, il téléphone, Mais rien. Le chantage persiste et le respectable sénateur en quête de sédentarisation au Luxembourg s’y soumet. Ce n’est qu’un instant de campagne électorale et il y aura des lendemains politiques à cette petitesse humiliante. Mais le retour de bâton pour l’un ne vaudra pas retour en dignité pour l’autre.
Un concurrent, (appelons-le Christian), prévenu de ce précédent, assure lui, la veille encore, que son invitation à venir l’entendre le 5 septembre en mairie est générale, œcuménique, pluraliste, ouverte à tous les " grands électeurs " sans sélection préalable, ni patte blanche ou rose à montrer. Et le voici, le jour venu, qui après un colloque secret avec notre même petit vicomte s’en vient gravement (mais piteusement) déclarer qu’il ne parlera qu’aux amis de celui-ci : la bouche en cul de poule il dit la " majorité municipale ", c’est-à-dire les soumis, les obligés, les dévots, les bouches cousues soit tous ceux qui sont loin d’être pour lui des sympathisants de cœur et d’opinion mais qui, par la sombre magie de quelque tractation de coulisse, deviennent les seuls interlocuteurs autorisés aux dépens des républicains indépendants dont certains de ses vieux amis. Ce candidat est un homme d’expérience, parvenu après une carrière politique riche et variée à un haut niveau de responsabilité et de pouvoir. Il n’a pas une réputation de faiblesse, il a son franc parler, il est sûr de lui et a la pratique du combat politique. Pour quelques promesses (paroles verbales) de soutien " contre nature " comme disait naguère le petit vicomte, le grand féodal a menti, floué ses amis, il s’est discrédité auprès des autres. Il n’avait pas besoin de ça ni pour vivre ni pour être reconnu, il s’est donné un dernier défi politique à relever, il pouvait le faire dans la dignité, en cohérence avec les principes dont il se targue. Hélas ! l’accent catalan de la République déforme le sens des mots et dénature les principes … comment dit-on en catalan " qui veut la fin veut les moyens " ? Le 5 septembre est pour son image, et espérons-le pour sa conscience, un jour de ground zéro.
Le pire pour l’honneur de la République serait que ces deux là soient élus. Le risque, hélas ! probable, est qu’au moins l’un d’entre eux le soit.
La loi impose de voter et nous en gratifie par une indemnité de repas de 15 euros 25. La morale nous impose de ne voter ni pour l’un ni pour l’autre mais c’est ce que souhaite in petto le petit vicomte pour faire gagner le 3ème larron, son baron François qui lui a promis un comté. Alors que reste-t-il ? Le vote blanc, le vote nul, le vote pour n’importe qui ? le vote est obligatoire pour les grands électeurs sous peine d’amende (de 100 €) mais le respect des électeurs n’est pas imposé aux candidats. A la fin de cette histoire catalane, le respect pour les élus a encore chuté d’un cran. Lesquels, vous connaissez leurs prénoms mais vous pouvez en rajouter, lesquels élus sapent ainsi à chaque élection l’estime et la confiance des électeurs, ils sapent la dignité de la République, ils sapent la morale de l’élection et la noblesse de leur mandat. Ce sont les meilleurs pourvoyeurs du Front National.
Heureusement que l’idéologie des extrêmes reste – encore - répulsive pour les républicains attachés à la trilogie de nos mairies " liberté, égalité, fraternité " sinon le pays catalan serait submergé par un tsunami bleu marine. Mais attention … attention aux législatives de 2012 et peut-être à la Présidentielle. Thierry, François, Jean-Paul, Christian et les autres travaillent pour Le Pen, Aliot, Collard et d’autres ici connus, ils se suicident lentement même si un mandat de plus leur donne – encore - l’illusion de survivre à leur âme.