Il ne s'agit pas d'anciens combattants, ni d'anciens ni de guerriers (de 39-40, d'Indochine ou d'Algérie). Les combattants en question sont des minimes et ce sont des sportifs : ce sont des compétiteurs (et trices) du tournoi de judo de Saint-Cyprien organisé en mars dernier.
Trois mois après le tournoi, le maire a décidé d'accorder la gratuité du logement à ces jeunes et à leurs familles dans des mobil-homes ou chalets du camping municipal "le Bosc". Pas à tous d'ailleurs mais seulement à "une partie" ... sans qu'il explique pourquoi et comment s'est faite cette sélection des heureux bénéficiaires du cadeau. Une partie c'est-à-dire au moins 78 familles puisque la ville a loué à l'office du tourisme 78 structures, et cela pour une semaine.
Le débours est de 25 200 euros pour la commune ce qui correspond à un prix de 46 euros par jour et par mobil-home. Cela n'aurait pas été très lourd par famille : 7 fois 46 euros pour une semaine à Saint-Cyprien, cela n'est pas prohibitif. Mais globalement 25 200 euros à prélever sur les impôts des contribuables cyprianais, cela fait autant de moins pour le feu d'artifice du 14 juillet ou pour les petits fours des voeux du maire. Cela était-il justifié?
Aucune justification n'est donnée permettant d'apprécier le bien-fondé économique ou social de cette générosité choisie. Il n'est pas dit que la gratuité a bénéficié aux plus modestes, ou aux vainqueurs, ni aux porteurs d'une bonne carte politique, ni aux membres d'une organisation particulière, ni aux ressortissants d'un pays éloigné ou en crise. L'attribution a peut-être été faite sur tirage au sort par MM. Humpage, Dufraisse et Garrido.
Mais pourquoi faire cet effort en 2015, année budgétairement ardue pour Saint-Cyprien du fait nous dit-on du désengagement financier de l'Etat? Une ébauche d'explication est présentée dans le rapport au conseil municipal : "cette compétition a connu un immense succès et atteint une renommée internationale certaine puisque des délégations sont venues de l'Europe entière". Diable : le succès revient cher au contribuable. Et quelle étrange raison: cette compétition n'est pas une première et les précédentes n'ont pas donné lieu à semblable octroi de faveurs aux familles de jeunes sportifs (sauf si cela s'est fait sans le dire). C'est donc parce que le tournoi a du succès et que ce succès est "immense" qu'il commence à coûter. Le bon sens et le sens commercial incitaient plutôt à promouvoir la compétition en ses débuts pour susciter une attraction. Mais le bon sens n'est sans doute pas un critère de rationalisation des choix budgétaires dans une commune endettée et surfiscalisée.
Du reste on comprend mal pourquoi s'il y a un intérêt touristique ou sportif ce n'est pas l'office du tourisme qui finance cet effort promotionnel puisqu'il est "compétent" tant en matière touristique que sportive. Et puisqu'il a des crédits prévus pour cela.
Enfin il est encore moins admissible que le conseil municipal soit interrogé le 18 juin pour financer rétroactivement une opération datant de mars.
mais le chef a décidé on paye
On est persuadé que la préfète dont on sait l'attention qu'elle porte à la qualité de gestion de Saint-Cyprien (et à ses campings) sera attentive à cette nouvelle trangression à la règle de non-rétroactivité. Ne parlons pas du bon emploi des fonds publics : tout le monde s'en moque, un euro communal n'a pas d'importance, il est indolore pour celui qui le dépense et valorisant pour celui qui le distribue.