On croyait entendre en version contemporaine l'appel à la patrie en danger de 1792. Et on a senti la même farouche détermination tant chez l'orateur que dans l'auditoire que celle que l'on peut imaginer chez nos ancêtres de la République. Les mots diffèrent à peine même si la menace a changé.
Souvenons-nous, en hommage à l'histoire, du décret de l’Assemblée nationale législative prescrivant les mesures à prendre quand la patrie est en danger (5 et 6 juillet 1792)
"L’assemblée nationale, considérant que les efforts multipliés des ennemis de l’ordre et la propagation de tous les genres de troubles dans les diverses parties de l’empire, au moment où la nation, pour le maintien de sa liberté, est engagée dans une guerre étrangère, peuvent mettre en péril la chose publique, et faire penser que le succès de notre régénération politique est incertain ;
Considérant qu’il est de son devoir d’aller au-devant de cet événement possible, et de prévenir par des dispositions fermes, sages et régulières, une confusion aussi nuisible à la liberté et aux citoyens que le serait alors le danger lui-même ;
Voulant qu’à cette époque la surveillance soit générale, l’exécution plus active, et surtout que le glaive de la loi soit sans cesse présent à ceux qui, par une coupable inertie, par des projets perfides ou par l’audace d’une conduite criminelle, tenteraient de déranger l’harmonie de l’Etat ;
Convaincue qu’en se réservant le droit de déclarer le danger elle en éloigne l’instant, et rappelle la tranquillité dans l’âme des bons citoyens ; Pénétrée de son serment de vivre libre ou mourir, et de maintenir la Constitution ; forte du sentiment de ses devoirs et des vœux du peuple, pour lequel elle existe, décrète qu’il y a urgence."
En 2015 il y a urgence mais le danger a changé. Voici la définition de celui qui plane désormais sur notre pays et qui l'assaille sauvagement, le terrorisme résumé en 11 points par l'anthropologue et sociologue Daniel Dayan :
« comme (1) une violence (2) doctrinaire (3) non étatique, (4) à caractère circonscrit (5) présentée comme une insurrection et (6) offerte comme un message. Ce message émane (7) d’un groupe autoproclamé comme représentatif d’une population et il s’adresse (8) à l’opinion publique d’une société (9) par-dessus la tête de ses dirigeants nationaux. Enfin, les médias (10) sont indispensables à la performance terroriste, à la fois par leur portée (la dimension des publics atteints) et par leur rythmicité, ce qui explique que leur évolution affecte (11) les formes qui gouvernent cette performance ».
Le Congrès de Versailles a par la voix du Président de la République exhorté la Nation et ses représentants à sortir des images, des émotions, des formules, des incantations à miracle, des souvenirs ou des slogans que l’on prend pour des idées et à devenir, selon la formule de Valéry, un pays et "des hommes prêts à affronter ce qui n’a jamais été ».
La Marseillaise unanime ne suffira pas, mais elle augure favorablement. Et on peut espérer que les éventuelles et inévitables zizanies politiciennes, déjà amorcées, ne résisteront pas au référendum populaire sur la réforme constitutionnelle qui symbolisera la volonté nationale de faire front.
voici la video du Congrès