La politique municipale n'étant qu'un jeu très peu olympique, car réservé à la seule équipe officielle et pratiqué sans fair-play, il est sain parfois de contrevenir au précepte de Pierre de Coubertin - "l'important n'est pas de gagner, l'important c'est de participer" - et de s'abstenir.
C'est ainsi que le 9 février 2016, il s'est avéré inutile, pour ne pas dire anti-Pugnace, de continuer à participer à ce simulacre de délibération qu'est un conseil municipal à Saint-Cyprien.
INUTILE.
On le sait depuis longtemps puisque la décision, qui est censée être collégiale, est acquise sans débat et se borne à entériner la volonté du maire. Certes, en République et en démocratie, la majorité fait la loi ... sauf à sombrer dans la dictature de la majorité si elle enfreint les deux impératifs fondamentaux des institutions, l'un républicain qui est le respect de la loi et l'autre démocratique qui est le respect du débat.
On est évidemment accoutumé, mais nullement résigné, aux violations réitérées des règles et procédures ... auxquelles l'intervention de la Justice peut (tardivement) remédier (Cf. article précédent). En revanche, le mépris effronté, quand il n'est pas injurieux, affiché par le maire à l'égard du débat, et plus encore des débatteurs, relève de l'addiction incurable à la gonflette politique et du principe de précaution du chef mal assuré qui se cuirasse d'intolérance et s'enferme dans sa monocratie. Ce despotisme grisaille peut, selon l'humeur du jour, amuser ou exaspérer celui qui veut simplement discuter du fond des dossiers communaux.
Mardi-gras 9 février, avouons-le, la lecture des documents municipaux n'inclinait pas l'humeur vers la mansuétude: le procès-verbal de la séance précédente du 1er décembre ayant l'outrecuidance de réduire le "débat" sur les orientations de développement de la commune en deux lignes "ce débat s'est tenu sur les orientations du projet d'aménagement de développement durable selon les documents d'information transmis aux conseillers municipaux, annexés à la présente" ... suivies d'un large espace blanc censées résumer le dit-débat. Des échanges intervenus sur le sujet, pas un mot. Censure.
Autrement dit: un débat a eu lieu pour satisfaire aux exigences formelles de la loi, qu'importe sa teneur, seuls comptent les documents provenant de la mairie, les observations, suggestions présentées en séance par les conseillers sont enterrées, les citoyens n'auront pas plus à en connaître que le maire à en tenir compte. Cette séance faisait suite à celle tenue en septembre sur le même sujet ... laquelle avait donné lieu à un certain compte-rendu du débat lui-même.
La séance du 1er décembre qui devait donc conclure a été censurée ... conformément aux impératifs catégoriques du mairisme : "inutile de discuter, je n'ai rien à faire de vos remarques, je vous laisse parler puiqu'il le faut mais sachez-le c'est sans intérêt pour moi et cela sera classé dans les oubliettes ... et si vous n'étes pas content, saisissez le TA, ça ne me dérange pas, c'est la commune qui paye les avocats, mes chers confrères. On passe à la question suivante". Indigne et bouffon.
Alors à quoi bon venir légitimer par une présence vaine des décisions qui s'enfilent comme les grains marmonnants d'un chapelet respectueux et soumis?
- A quoi servirait-il d'acter la convention d'usage des installations sportives du collège Olibo (au profit des associations sportives) et d'en confirmer les tarifs ... puisque jamais le conseil n'en reçoit le moindre compte-rendu, jamais il n'est informé de la fréquentation réelle de ces salles (quelles associations, quelle fréquence ?), jamais on ne lui indique le montant financier de ces mises à disposition?
- A quoi bon se prononcer sur les sorties d'ouvrages de la médiathèque ou de véhicules du parc auto - dont la vétusté impose la mise hors service - puisque jamais le conseil qui en a cependant la compétence n'est invité à définir une politique d'achat et de gestion de ces deux services?
Le conseil est convié à délibérer sur la destruction d'ouvrages littéraires dont il n'a jamais eu à connaître (tels que "gai luron" ou "la loi du plus beau" !) : il pourrait y avoir
dans une commune soucieuse d'une politique culturelle un débat sur la fréquentation de la médiathèque, les orientations en matière d'achats, les animations etc ... à Saint-Cyprien pas question.Le conseil délibère sur la casse (ou la vente! on ne sait pas) d'un camion de 1991 mais jamais on n'a défini une politique de gestion du parc (achats, locations, périodicité des renouvellements, entretien) : il est vrai qu'un adjoint est garagiste et peut apporter son expertise et ainsi court-circuiter le conseil municipal.
- A quoi bon discuter du prêt d'une statue mariale par le département à la commune quand on sait que cette opération est le fruit d'une émouvante entente sacrée entre les deux conseillers départementaux UMPS ... et pourquoi en délibérer le 1er décembre puisque la convention a pris effet au 10 octobre?
- A quoi bon rediscuter, en quelques secondes, du rétrécisemnt du domaine portuaire puisque le maire a décidé qu'il fallait que ce soit ainsi pour faciliter les promotions immobilières qu'il se promet sur le site et puisque le directeur du port n'est même pas là pour donner des explications techniques sérieuses (on se demande même si son absence s'explique parce qu'il est trop pris par ses multiples autres missions, mandats, responsabilités ou s'il désapprouve ainsi tacitement cette réforme qui réduit son domaine)
L'important n'est pas de participer, mais de savoir pourquoi, parfois, on ne doit pas participer
et de le faire savoir. L'important n'est pas la permanence physique qui, stérile en ce , finit pas devenir connivente. L'important est la vigilance et l'information pugnaces. L'important c'est l'action soutenue sur l'essentiel, le retour à une gestion rigoureuse, réfléchie, et efficace dans la recherche de l'intérêt public et le respect de la légalité. Car l'essentiel s'impose toujours sur les ombres.