Le maire aime SA ville, il ne cesse de le proclamer prétendant se distinguer ainsi de ceux qui ont choisi d'y vivre. Mais à trop aimer cette ville qu'il s'approprie ainsi sans scrupule uniquement parce qu'il y vit le jour, il oublie d'en aimer ses habitants ... à preuve la façon dont il les traite. Financièrement il alourdit leur fardeau fiscal. Moralement il les dupe en leur racontant des sornettes.
Le conseil du 29 mars en offrit au public venu nombreux la pitoyable démonstration. Selon l'usage la séance débuta par l'approbation du compte-rendu sur le Débat d’Orientations Budgétaires.« Nous ne voterons pas un semblant de compte-rendu après avoir vécu une caricature de débat. » commenta la minorité, dénonçant le départ du maire lors de l’examen du DOB, le 15 mars dernier.
pour mémoire :
http://www.pugnace.fr/2016/03/trahison-et-desertion-du-maire-de-saint-cyprien.html
http://www.pugnace.fr/2016/03/15-mars-2016-la-fuite-du-roi.html
Le ton était donné : le CM sur le budget n’allait pas être de tout repos. Refusant contre toute logique de décaler le vote des taux après l’examen du budget, le maire commença sa démonstration pour tenter d’expliquer la situation de la commune. A l’encontre de toutes ses précédentes déclarations satisfaites, le maire brossa alors, sur un ton pénétré de souffrance contenue, le tableau surprenant de lucidité de l’état d’abandon de SA ville, celle qu’il aime tant : l’herbe qui pousse ici et puis là, dès qu’on a tourné le dos, les trottoirs qui gondolent, la signalisation insuffisante, le baladoir dégradé, les rues au revêtement à refaire, les vagues qui salissent le sable, le sable qui s’envole, l’eau de pluie qu’il faut canaliser etc etc, bref, tout ce qui fait le quotidien d’une mairie et de ses services, services publics dont les prestations sont payées logiquement par les contribuables locaux. Il passa bien sûr aussi en revue d’autres motifs d’angoisse : la dette évidemment qui, bien qu’ancienne et résorbée spectaculairement depuis son arrivée aux affaires, pèse trop lourdement sur le quotidien de la ville, les intempéries, la crise internationale, le charançon du palmier et le désengagement de l’État, au chiffrage approximatif et fluctuant.
Toute cette « démonstration pleurnicharde », pour en arriver aux fameux 7% d’augmentation des taxes locales destinées à équilibrer un budget que personne n’avait encore discuté dans ses mauvais choix de fonctionnement et d’investissement !
La minorité Pugnace s’engouffra dans la brèche.
Sur la gouvernance :
« Vous en êtes, M. le Maire, à votre 7ème budget. ! Un budget qui consacre comme prévu votre échec de gestionnaire, moins à cause du recours à l’emprunt, réamorcé en 2015, qu’à cause de cette augmentation massive des impôts locaux, déjà eux-mêmes massivement lourds, augmentation sur laquelle vous seriez bien inspiré de revenir! Nous en sommes là par votre constance à vouloir ignorer nos alertes et à décider en l’absence de commissions, en l’absence de débat, en l’absence de véritables conseillers, municipaux ou autres. Nous en sommes là parce que vous décidez seul, en homme politique construisant sa carrière, et non en gestionnaire soucieux de ses administrés. »
Sur la dette :
« Vous aviez pourtant tout en mains : vous connaissiez notamment le tableau des annuités de remboursement et d’évolution de la dette avant même votre arrivée à la tête de la mairie puisque cet échéancier, qui s’étire jusqu’en 2038 vous a été remis au CM du 17 mars 2009 par M.Fontvielle, alors maire de la commune. Ce tableau prévoyait par le simple jeu des remboursements d’annuités un restant dû de 33 969 000 euros en 2016. Après 7 ans, ce tableau est toujours d’actualité mais le restant dû s’est aggravé : votre DOB et votre budget indiquent pour 2016 une dette globale de 35 318 000 euros soit 1 million 260 000 euros en plus de ce qui était mécaniquement et donc objectivement prévu par vos prédécesseurs! En tant que maire vous n’avez donc en rien participé à cette baisse, au contraire. »
Sur le patrimoine :
« Qu’avez-vous donc fait depuis 7 ans ? Vous vous êtes simplement servi des biens de la commune, délestant son patrimoine de millions et de millions d’euros pour maintenir un train de vie que vous-même dénoncez à présent comme étant impossible à maintenir. C’est exactement ce que nous vous disons depuis 7 ans ! En attendant, les habitants remboursent tandis que vous appauvrissez Saint-Cyprien! »
Sur la sincérité politicienne :
« Vous adoptez la posture tourmentée du responsable… que vous n’avez pas été et prenez le contre-pied de ce que vous avez promis ! Vous avez moissonné des lauriers avec le pacte de stabilité fiscale rendu possible encore une fois par les ventes de patrimoine; mais vous voilà à présent revenu au pied du mur avec un discours catastrophiste sur une situation que vous imputez aux mauvaises étoiles de la vie au nombre desquelles vous oubliez de vous compter vous-même ! Vous pratiquez ainsi, M. le Maire, le double langage du politicien classique. Celui dont les media nous disent qu’il est devenu insupportable aux citoyens au point de leur faire choisir les votes extrêmes ou la canne à pêche le jour des scrutins. Ex chevalier blanc, vos choix et comportements ont terni votre tunique ; Charlie de circonstance et catholique d’opportunité, vous aimeriez passer à présent pour un vertueux d’obligation. »
Sur le bilan de 1 mandat et demi :
« Arrivé à vos fins politiques en ce milieu de 2ème mandat, vous êtes brusquement passé du discours triomphaliste au discours alarmiste, réservant sans doute votre optimisme pour les prochaines échéances électorales. Votre bilan ? Des mauvaises ventes de patrimoine, la poursuite de quelques projets initiés par les équipes « sorties », beaucoup d’annonces et d’affichages, mais aucune réalisation majeure…à l’exception bien sûr du boulodrome et du kiosque parisien ( !); en clair, le bilan est positif pour vous qui émergez comme notable, mais la ville a perdu 7 ans et la population est fracturée et désenchantée. »
Sur l’alternative à la politique suivie :
« T.Del Poso, conseiller municipal d’opposition, disait il y a peu : « Il n’y a aucune légitimité de la part du pouvoir en place qui refuse d’entendre non pas la voix des urnes mais la voix de la rue….. » Or, la rue supporte de plus en plus mal les jeux politiciens ; elle peut même devenir redoutable lorsqu’on joue avec son argent. Alors, non, il ne peut y avoir d’augmentation des impôts locaux à Saint-Cyprien. Ils sont déjà trop lourds et des alternatives existent. Nous demandons leur examen par le Conseil municipal. »
Le maire ne pouvait ignorer publiquement cette proposition et dut donner alors la parole à Jean Jouandet . Il accompagna sa « permission » d’un sourire condescendant qu’il ravala bien vite : un document était en effet distribué aux membres du conseil qui, incrédules, découvraient un plan de financement du budget 2016 qui prévoyait
non pas une augmentation des taux de 7 %
mais une baisse des impôts locaux de 2%.
Il ne restait plus au maire et à sa majorité qu’à prendre l’air détaché et goguenard pour cacher leur embarras.
Voici ce que Jean Jouandet présenta :
http://www.pugnace.fr/2016/03/on-peut-baisser-l-impot-de-2-le-maire-impose-sa-hausse-de-7.html
Et J. Jouandet de conclure : « A vous de juger : entre un budget adopté, sur des mensonges, par la "majorité" de M. Del Poso ( + 7 % d'impôts) et le projet présenté par quatre élus minoritaires (Hélène Alonso, Claudette Guiraud, Jean Jouandet et Jean-Claude Montès), 4 élus qui, sans prétention aucune, veulent garder des raisons d'aimer leur ville et pour cela veulent en préserver la qualité de vie et servir les intérêts de tous ses habitants et qui pour cela ont proposé une option budgétaire permettant - sans tricher - une baisse de plus de 2 %. des impôts.
Sans examiner davantage la proposition, refusant toute étude de ce schéma par une commission des finances extraordinaire comme il lui en était fait proposition, ce qui aurait permis à la fois de faire, après expertise contradictoire, des choix consensuels et raisonnés, et de montrer la volonté collégiale de tous les élus de tenir leurs promesses électorales.
le projet du groupe minoritaire fut rejeté en chœur, dans une touchante unanimité, par une majorité soudée et, dorénavant, publiquement complice.
Quand on écrit "soudée", il faut savoir comment. Et pour savoir il suffit d'observer la scène où, le moment venu, les marionnettes de la majorité jusqu'alors momifiées sont réveillées par le chef. Observez
sur la video ci-dessous (publiée par Bernard Beaucourt: merci à lui) : vous pouvez passer le début, vous venez d'en lire le récit, allez donc à l'instant 42,00 et regardez bien ce qui se passe jusqu'à l'instant 43,30 : le chef donne ses instructions à droite et à gauche.
Puis l'adjoint Sirvente les répercute vers la droite et le DGA Ramon vers sa gauche (Mme Pineau) et de bouche à oreille (avec la main en protection) se diffuse ainsi la consigne de vote; Mme Nègre doit même expliquer longuement à son voisin ce qu'il faut faire. Alors bien sûr à l'instant 45,30 quand le chef demande de voter sur la contreproposition Jouandet toutes les mains de la troupe majoritaire se lèvent avec une superbe spontanéité et une grande conviction pour dire "non" ... "nous, on veut des impôts" ... "nous décidons +7 % "
Nous avons écrit "soudée" mais surtout "complice.
A l'évidence, ces élus aiment leurs contribuables.