On s'interroge sur le mutisme des autruches. On dit qu'elles ne communiquent guère car leurs cordes vocales seraient atrophiées. Cependant, si on les fréquente de temps en temps (à Sigean par exemple), on constate qu'elles peuvent accompagner les contacts sociaux de toute une gamme de sons et de claquements de bec qui viennent à l’appui de diverses parades et postures, dont les plus agressives s'assortissent de déploiements arrogants de plumes et de battements d’ailes.
Mais pour ne pas m'exposer de nouveau à l'accusation "d'insanité", lancée par Mme Pineau, je dois préciser maintenant qu'en conseil municipal les postures s'accompagnent de propos fort explicites bien que d'un esprit dialogal aussi limité. L'illustration en est fournie par l'enregistrement du conseil du 28 transmis par la mairie.
Il faut noter d'abord que dans son oeuvre de nettoiement démocratique l'autorité municipale a purement et simplement fait effacer du CD tous mes propos qui pourraient s'apparenter à des "insanités". La plupart du temps la présidence de séance avait pris la précaution de couper le micro ce qui rend inaudible mes commentaires (hélas critiques) sur les comptes. Quand elle avait négligé de le faire, il a suffi de blanchir la bande : la technique venant ainsi à la rescousse de la monocratie.
On avait déjà falsifié des extraits de délibération envoyée en préfecture ou un marché d'achats de mobil-homes au camping du Bosc, voilà maintenant le truquage des bandes sonores qui sont censées, selon le règlement intérieur, servir de base au procès-verbal du conseil.
On se demande si Jacques Bouille avait pensé à ça !
Dieu merci le document ainsi expurgé de ses insanités a préservé les répliques majeures des officiants officiels qui leur tiennent lieu de réponses. Voici quelques mots choisis:
- M. Del POSO, maire, dit répartie rituelle face à une interpellation dérangeante, synthèse lapidaire du "rien à foutre" impérial et de l'impératif "n'en parlons plus". Traduction: "je ne nie pas l'existence de certaines prescriptions légales, je suis avocat n'est-ce pas? je me contente de dénier leur actualité en mon fief, je suis maire n'est-ce pas? ... "dont acte" dit doctement "cause toujours mon bonhomme, je m'en balance"
- M. Andrault est plus abrupt - question de grade: lui, c'est "je ne vous réponds plus". Il prétend affirmer "je ne veux plus vous répondre", comprenons qu'il avoue "je ne peux pas répondre"
- De l'autre côté du chef, la 1ère adjointe, Mme Pineau est plus volubile - question de sexe peut-être - mais guère plus dialoguante. Elle a quelques formules clés pour verrouiller le débat et elle les déploie en variations lancinantes et de plus en plus excédées sur le thème du "ça suffit". Elle répète ainsi "arrêtez de dire n'importe quoi" avant de préciser "vous dites des insanités" (je parlais des millions d'euros stérilisés dans les budgets). Et elle enchaine sur "c'est terminé", "le débat est clos" et enfin son atout maître "on va procéder au vote", "le vote est lancé", "c'est terminé". La richesse de la formulation la dispense de toute réponse administrative ou financière, ça simplifie la vie de la majorité.
- Sa toute proche, celle qui partage ses rires et ses grimaces, Mme Ducassy-Padros y ajoute sa touche de sournoise sollicitude en me conseillant de ne pas m'énerver "c'est pas bon pour le coeur"
- quant à la touche de raffinement elle émane bien sûr de l'adjoint Sirvente qui, méfiez-vous, va devenir le shérif Folamour avec une vidéosurveillance couvrant bientôt toute la commune. Il est l'auteur de ce catégorique ultimatum: "Allez marquer ça sur votre blog de dégénéré(s), là bas vous pouvez le faire, ici taisez-vous !": à dire vrai on ne sait pas s'il y a dans sa tête un pluriel à "dégénérés", à vous lecteurs d'apprécier.