J’apprécie les échanges mais, décalés dans le temps et tenus par voie de presse, ils ne servent la plupart du temps qu’à soulager les poussées de colère que chacun se croit en droit et en talent de partager. Malgré cette réserve je me permets de réagir aujourd’hui à l’article du Bourricot intitulé « St Cyprien : une élection, c’est une campagne, pas tout un mandat ! », car cet article me concerne et m’implique en tant qu’élu de Saint-Cyprien et colistier de Jean Jouandet qui y est pris pour cible. Si, ce faisant, j’indispose l’auteur, qu’il vérifie mes dires ou se défoule de nouveau dans un nouvel écrit si son éthique personnelle le lui permet.
Il est facile en effet de relever dans l’article des erreurs malveillantes sur les intentions des hommes, une méconnaissance suspecte de la démocratie municipale locale et enfin une conception cynique du rôle supposé des minorités. C’est beaucoup et ce ne peut être fortuit ! Le bon sens surjoué et faussement patelin masque en fait un article de commande et donc une connivence avec le système en place. Inutile dans ces conditions de tenter de convaincre. Par contre, chacun peut dire sa vérité…
- En ce qui concerne les intentions des hommes d'abord
C'est un contresens grossier que de présenter les 3 élus Mosaïque animés et travaillés par une ambition politique et tendus vers les horizons glorieux des prochaines échéances électorales ! Engagés dans un « combat » de contribuables-citoyens (pour reprendre la terminologie guerrière de l’article), nous n’avons d’autre objectif que la bonne gestion de notre ville, après les catastrophes d’un passé qui pèse toujours lourdement sur elle. Une bonne gestion qui respecte les habitants dans leurs diversités et leurs intérêts communs, et qui respecte la ville dans son organisation et sa morale républicaines ! Saint-Cyprien ne saurait en effet appartenir à un clan ou à un groupement d’intérêts particuliers, et sa gestion scrupuleuse, qui est d’impérieuse nécessité, ne saurait participer d’une avidité carriériste…
Réduire donc le « combat » que nous menons à un affrontement politicien au sein d’une « droite ultra majoritaire », est aussi un contresens grossier. Notre liste « Mosaïque » était composée d’un large éventail de sensibilités. Les plus de 21% obtenus ne peuvent donc être comptabilisés comme il est indiqué. Alors, non, nous ne sommes pas engagés dans un affrontement politicien classique et notre pugnacité relève d’exigences morales et citoyennes que le monde politique ignore depuis trop longtemps.
- En ce qui concerne la démocratie municipale locale,
Je ne peux que rappeler ce qu’elle est, depuis que le maire a décrété … qu’il n’y aurait plus de démocratie à Saint-Cyprien. Il a tenu parole. En conséquence, il règne en conseil municipal un lourd climat : toute demande de précision reste sans réponse et toute protestation se termine par des manifestations bruyantes d’agacement ou par des insultes à l’encontre de celui qui a toujours dit son fait et demandé des comptes au maire. A ces attaques contre la personne, s’ajoute toute la panoplie des mesquineries orchestrées pour provoquer l’exaspération : documents non communiqués, réponses systématiquement refusées, micros coupés, séquences alternées de mutisme et de chahut, et surtout absence de commission depuis 6 ans. Ce dernier point explique presqu’à lui seul l’atmosphère des conseils municipaux, lieu unique pour que puisse questionner, s’informer et s’exprimer la minorité. Car, « être minoritaire en conseil municipal est un acte citoyen de contrôle », nous dit fort justement notre « journaliste ». C’est bien là notre motivation qu’il fait mine d’ignorer, revenant sans cesse à ce qui semble son obsession et qui n’est pas la nôtre : les prochaines élections !
- Quant au rôle supposé des minorités…
« Une élection c’est une campagne, pas tout un mandat ! » titre-t-il, réduisant notre action à une course à l’échalote et balayant tout espoir d’efficacité (« guérilla désespérée » !) au point même de déclarer avec une compassion simulée pour nos efforts « Est-il nécessaire de s’adresser a un maire (…) dés lors que l’équilibre de la représentation municipale et de la cohésion de la liste élue majoritairement ne peut en aucun cas être remise en cause ». Il nous donne ainsi congé en nous fournissant la clef de son papier (laissez tomber !) et sa véritable conception du rôle des minorités en démocratie ( attendez 2020 !)
C’est exactement celle de notre maire mais aussi, hélas, celle d’une bonne partie de la classe politique ; c’est celle qui consiste à réduire la démocratie aux seules élections et à déconsidérer et tenir pour uniquement malintentionnés tous les discours minoritaires dans les 6 ans qui suivent.
Fort heureusement, partout et de plus en plus souvent, de simples citoyens se lancent dans l’action locale. De cultures politiques diverses, ils ont compris que la situation imposait des urgences que la mécanique démocratique des partis ne pouvait régler sans dommages pour eux. Ces citoyens « ordinaires » connaissent leur milieu, son contexte et les enjeux à l’échelle locale. Ils connaissent surtout les hommes du microcosme politicien et peuvent mesurer leur degré de sincérité et leur potentiel d’engagement. Ils peuvent même démasquer ceux dont l’ingéniosité s’arrête aux moyens à mobiliser pour des réélections sans fin.
- et pour conclure,
qui peut encore penser que les rendez-vous électoraux répondent convenablement aux urgences des situations et y suffisent? Derrière le paravent d’une démocratie dont chacun feint de croire qu’elle s’exprime, s’embusquent des impatiences qui ne sont pas toutes d’intérêt général. Sans moyens d’information ni de diffusion, le contre-pouvoir minoritaire dénonce mais n’avance que dans les espaces qui lui sont chichement consentis.
Faut-il pour autant qu’il le paye de violences ?
Le droit des minorités ! Voilà un beau sujet dont le Bourricot devrait rendre compte sérieusement dans ses colonnes … mais en oubliant un temps l’herbe du pré. Alors, sous la protection d’une presse vertueuse, d’une Justice réactive et d’un contrôle préfectoral efficace, les minorités n’auraient nul besoin d’élever la voix.
JC Montès
Conseiller municipal Mosaïque