Le Conseil municipal du 28 septembre illustre cette incohérence sur deux dossiers: l'un qui décide de l'achat d'une maison, avenue du Roussillon, l'autre qui met à la disposition d'une association une propriété communale de qualité, la Tour Bolte.
1°/ le rapport n° 6 a fait adopter l'achat à 135 000 euros d'une maison de trois niveaux, sur une parcelle de 78 m².
Les motifs déclarés dans le rapport sont aussi pompeux que vagues : "la maîtrise foncière de ce secteur" - va-t-on racheter tous les bâtiments de l'avenue? - et "la pérennité de l'aménagement de l'avenue du Roussillon" - qu'est ce qui menace cet aménagement en cours de réalisation ?
Les motifs donnés par le maire en séance sont encore plus pitoyables par leur contradiction quand il évoque tantôt la qualité de la façade, tantôt l'étroitesse de l'avenue, et qu'il ajoute finalement qu'il ne sait pas quelle sera la destination de ce bâtiment, soit la restauration (pour en faire quoi?) soit la démolition (pour élargir l'avenue ou créer des parkings).
La commune achète donc pour 135 000 euros une maison sans savoir pourquoi ou sans vouloir le dire: dans les deux cas, on se moque du conseil et de la population. Et quand on dit 135 000 euros c'est compter sans les frais d'achat et les travaux (de démolition ou de restauration). Et cela alors que la commune est aux abois financiers et qu'elle a un patrimoine privé dit en si mauvais état qu'elle justifie ainsi des loyers réduits de 50% aux heureux bénéficiaires.
Tous les maires, sauf celui de Saint-Cyprien, savent bien qu'une politique de réhabilitation de l'immobilier local n'impose pas, loin de là, une municipalisation par achats successifs (la ville a déjà racheté inutilement le fond de commerce de librairie-presse sur la même avenue). Une politique cohérente et économique suppose une action globale sur l'ensemble de l'immobilier, d'abord sur le patrimoine communal, ensuite sur le parc de bâtiments privés par un système d'aides à la restauration (des façades, et de mise aux normes de sécurité électrique, d'hygiène et de confort). C'était un des points importants du programme de la liste MOSAÏQUE pour redynamiser le centre du village.
Les 135 000 euros qui à terme seront doublés auraient permis d'aider une vingtaine de propriétaires privés à rénover leur bien. Là on ne sait pas pourquoi, ni pour qui.
2°/ Sur le dossier n° 13 intitulé "convention entre l'association Terra i mar et la commune", on voit clairement en revanche le bénéficiaire de l'opération.
C'est une association dont la vocation est d'oeuvrer pour la préservation de la culture cyprianaise et le respect des traditions catalanes. Elle n'a aucune compétence, ni technique, ni juridique, pour être maître d'oeuvre d'un projet immobilier.
Et cependant la commune confie à Terra i mar une mission de réhabilitation à caractère patrimonial. Ahurissant paradoxe de ce maire dont la gestion est dépourvue de toute vision globale: dans le dossier 6 la commune s'approprie un bien privé pour éventuellement le réhabiliter, là elle charge une association non qualifiée de réhabiliter un bien dont elle est propriétaire et dont elle a la charge de gestion.
- Première aberration: la commune délègue à une association son rôle politique et administratif en la chargeant de faire les procédures d'inscription à l'inventaire des Monuments historiques ... pour dégager des financements publics ou privés! La commune, qui a cependant un directeur général de classe exceptionnelle, est-elle donc incapable de le faire? Pourquoi renonce-t-elle à ses missions?
- Deuxième aberration: la privatisation de fait de ce bâtiment, sans doute l'un des plus intéressants du village. La commune confie à l'association "l'étude du projet" puis "l'entière responsabilité de la conduite du projet". La commune est-elle incompétente? N'a-t-elle pas des services aptes à faire leur travail? Ne peut-elle pas alors faire appel à un professionnel qualifié (ce que n'est pas Terra i mar)? Ou est-ce simplement pour courcircuiter le Conseil municipal puisque la convention prévoit que le projet sera soumis à l'approbation du (seul) maire?
Le maire a dit cyniquement en séance qu'il appréciait qu'une partie de la population s'intéresse à ce projet (combien de personnes?) ... sousentendant que cela était au détriment du conseil municipal censé représenter toute la population.
Ainsi le 28 septembre 2016 le conseil municipal a commis deux erreurs contradictoires: l'une en munipalisant une maison privée dont on ne sait pas ce qu'on fera, l'autre en privatisant un ensemble immobilier de la commune qui est sans doute l'un des plus dignes d'intérêt.
- Intérêt pour la commune = nul sinon négatif.
- Incohérence politique.
- Fait du prince
C'est tout Saint-Cyprien et Thierry Del Poso.
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NB: rappelons que M. Jacques Figueras, conseiller municipal présent le 28 septembre, est aussi vice-président de l'association Terra i mar (Cf son site internet accessible pas celui de la mairie).
Ce conflit d'intérêt ne l'a pas empéché de voter, bras d'honneur à l'appui, la convention, entre les deux organismes dont il est membre. et cela n'a pas non plus gêné le maire... ça c'est encore Saint-Cyprien, on a des précédents.