En ces temps modernes, même les princes qui nous gouvernent rivalisent de cachotteries indécentes. Des milliers d’euros, des centaines de milliers d’euros, des millions d’euros même sont attribués ou dépensés avec légèreté et dans une impudeur déconcertantes. Et le bon peuple dépouillé assiste, fataliste ou révolté, ébahi ou envieux, à la grande distribution à laquelle, lui, n’a pas droit. Sur fond d’affaires donc, nationales ou locales, actuelles ou passées, tout manquement à la loi, toute absence de transparence, autorise des questionnements que le fonctionnement régulier de la démocratie devrait pouvoir lever.
Hélas, en ce qui concerne le fonctionnement de la démocratie communale, on sait ce qu’il en est à Saint-Cyprien et par conséquent l’inquiétude et la suspicion n’en sont que plus vives… Qu’on en juge :
- Le Conseil Municipal du 8 juillet 2016 décide de solliciter l’avis de la commission scientifique nationale des collections en vue de mettre en place, si accord de cette instance, une procédure de désaffectation et de déclassement de 691 objets d’art appartenant au patrimoine de la commune. (= appartenant à nous tous car achetés parfois sans notre consentement, mais toujours avec nos impôts)
- En séance, le maire précise bien que cet accord est nécessaire, qu’il sera porté à la connaissance des élus du CM dès qu’il sera pris et qu’il n’est qu’un préalable à une nouvelle réunion du Conseil qui, lui, décidera ou non de procéder au déclassement et à la désaffectation des 691 œuvres listées sur CD.
- cette procédure doit permettre leur cession ultérieure mais, précise le maire, le CM se prononcera aussi sur l’opportunité de ces ventes, au coup par coup ou par lots puisqu’il s’agit d’un bien patrimonial dont le CM aura aussi à connaître l’estimation.
C’était le 8 juillet 2016 : le maire venait de dire le Droit. (Sur ce point précis seulement, car le souvenir est très vif d’un débordement violent et hors-la-loi qui eut lieu à la fin de ce même conseil)
Depuis cette date, le Conseil Municipal s’est bien sûr réuni plusieurs fois, la dernière séance étant celle du 22 février dernier. Aucune communication au sujet des œuvres d’art n’y est faite.
Pourtant ...
Pourtant, nous apprenons fin janvier par la presse que, contrairement au droit ci-dessus rappelé et aux engagements du maire, deux dates de ventes d’objets de Saint-Cyprien figurent sans information locale sur le site de l’étude Millon (13 et 21 avril 2017).
Notre réaction, sollicitée, est alors recueillie et diffusée par France Bleue Roussillon tandis que nous publions un article de protestation sur le blog Ouillade. (l’art… sans la manière). Le lendemain (2/02), le maire ouvre le parapluie dans les colonnes de l’Indépendant : il « avoue » une seule date de vente (13 avril) sur deux déjà contractualisées et retenues (13 et 21). Il reconnait avoir « pris les devants » en anticipant (= en court-circuitant) les deux « feux verts » nécessaires, celui de la Commission Scientifique et celui du Conseil Municipal. Il se veut rassurant et tente de « calmer le jeu » en déclarant que l’exposition-vente peut être annulée à tout moment si l’un des feux ne passait pas au vert.
Reste cependant à expliquer les véritables raisons de ces cachotteries. Pourquoi cette précipitation en effet ? Pourquoi ne pas en avoir informé le Conseil Municipal ? Les interprétations sont multiples lorsqu’on a l’impression que l’opacité est organisée, lorsque le maire dit le Droit publiquement mais crée « son »propre droit en catimini !
Ajoutons pour faire bonne mesure que la journaliste, apparemment admirative et mieux informée que la représentation municipale, parle du « travail sans répit de T. Del Poso sur ce volet des œuvres d’art » et cite le nombre de 900 objets à la vente (et non 691). Voilà qui ne saurait nous rassurer sur la transparence que nous tous, contribuables, sommes en droit d’exiger.
La régularité de cette opération remet en mémoire un passé douloureux. On se souvient qu’à l’époque de « l’affaire Bouille » le conseiller Del Poso a fait campagne en arpentant les musées de la ville avec caméra et huissier pour répertorier les œuvres d'art.
Une véritable saga qui continue ...
Une fois élu Maire il s'est estimé souverainement qualifié pour décider quel est l'intérêt culturel et patrimonial de la ville et pour dire au peuple (via la presse) les œuvres que l'on vend et celles que l'on garde.
Et sans cette transparence, la question des « œuvres d’art de St Cyprien » se pose : affaire d’art ou art des affaires ?