Nul besoin de rappeler les analyses, les mises en garde et les alarmes répétées de Jean Jouandet face à ce qu’il considérait néfaste pour la commune. Depuis 2009, ce blog en porte des traces multiples ! Et le débat sur les orientations budgétaires était pour lui chaque année l’occasion de pointer l’imprévoyance, le manque de lucidité, les dysfonctionnements ou les suspicions que pouvait engendrer ou masquer l’opacité de certaines décisions.
Le tableau alarmiste de la commune, dressé par le maire ce mercredi 8 mars en Conseil Municipal pour justifier ses orientations budgétaires 2017, aurait sans nul doute attiré à nouveau des remarques cinglantes : c’est que Jean Jouandet alertait en vain depuis 8 ans sur la situation locale au vu des différentes options de gestion choisies par la majorité. Aussi, les « partis pris retenus » pour ce DOB 2017, l’auraient-ils à coup sûr et à nouveau mobilisé …
Dans le droit fil de son devoir d’alerte, l’opposition n’a donc pu ni souscrire aux analyses avancées par le maire pour expliquer les « difficultés » de la commune, ni adhérer aux perspectives ouvertes par les orientations de ce DOB.
Un DOB présenté par le maire sous forme d’une longue plainte contre le poids du passé, la malveillance de l’État, le train de vie de la commune, l’adversité climatique, la présence d’une mer qui va et vient, les outrages du temps qui passe sur les équipements de la ville, l’herbe qui pousse dès qu’on a le dos tourné et une plage au sable fuyant car trop fin … Et tout cela s’additionne pour empêcher non seulement la réalisation des promesses de campagne mais aussi le simple maintien de la ville à un niveau décent dans ses besoins au quotidien.
Qu’on se rassure cependant : nous avons une équipe à l’engagement désintéressé et courageux, toute entière mobilisée derrière un chef clairvoyant ! Pas d’alarmisme donc, nous dit-on, tout en envisageant pourtant des lendemains de grande disette. La situation, très sérieuse, nous envoie dans le mur si des mesures radicales ne sont pas prises : entendons par là une recherche systématique de recettes nouvelles, les impossibilités d’investissement promis lors des campagnes électorales étant quasiment présentées en volte-face comme des économies de bon père de famille ! Voilà qui reporte gymnases, salle polyvalente, baladoir et autres cliniques du sport aux calendes grecques ; pourtant, toutes les villes de même importance ont ces équipements depuis longtemps déjà reconnait lucidement TDP.
Que de temps perdu ! Jean Jouandet savait tout cela qui augurait de ces lendemains «désenchantés » ; nous le savions tous car il ne pouvait en être autrement et le Conseil bien sûr ne pouvait l’ignorer.
Dans ce tableau inquiétant, notons les 3 difficultés qui servent systématiquement et commodément à décharge depuis 8 ans et qui sont donc des excuses usées jusqu’à la corde :
- D’abord le contexte national avec notamment le rappel incessant chaque année d’un l’État incapable, directif et malveillant envers les collectivités territoriales, un contexte qui, pour la énième fois, permet de resservir l’argument des dotations en baisse comme si l’on découvrait la mesure et comme si gouverner n’était pas prévoir ! : « Le désengagement de l’État ne se traduira pas par une augmentation de l’impôt » avait promis dès l’abord le maire parfaitement informé mais … en campagne, avant d’asséner, après réélection, un monumental +7% punitif et compensatoire aux taxes locales.
- Ensuite le passé de la ville avec LA dette, qui continue à peser et plombe le fonctionnement et les investissements. Oui, bien sûr, mais nous le savions ! Et, nous dit-on encore, grâce à une « gestion saine des deniers publics » la dette va continuer à baisser ! Mais on oublie de dire qu’elle baisse essentiellement par le grignotage des ans qui érode peu à peu l’encours de la dette grâce à nos remboursements ; on oublie de nous dire que cette dette baisse plus lentement que prévu par le tableau d’amortissement établi par la Direction des Finances Publiques à la demande de M. Fonvielle en 2009, plus lentement car…. nous réempruntons chaque année. Nous réempruntons moins que nous ne remboursons certes, mais nous réempruntons pour satisfaire aux urgences qui étaient prévisibles et qui auraient dû conduire à une politique d’économies possibles et supportables si elles avaient été étalées depuis 2009 comme nous le demandions !
L’action propre de la municipalité se limite donc, nous l’avons vu, à l’augmentation des impôts, à la vente pour des millions et des millions d’euros de patrimoine bradé. Elle se limite aussi, dernière trouvaille de grande imagination pour notre qualité de vie, à des mesures de ponction sur la population avec la mise en place d’horodateurs pour parkings payants (un investissement de près d’un demi-million d’euros qui ne rapportera rien en 2017 mais qui charge encore davantage la barque des habitants et des commerçants locaux)
- Enfin, le train de vie de la commune avec sa masse salariale est aussi avancé pour expliquer la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons et la vaillance dont il faudra faire preuve pour redevenir raisonnable. Mais qui donc a été déraisonnable ? Qui donc nous a mis dans cette situation qui peu à peu se bloque au fil des ans ? Il n’est guère sérieux de se prévaloir d’une certaine stabilité entre 2015 et 2016 si on ne parle pas de l’explosion de cette masse salariale depuis 2009 ! Plus que l’augmentation du point d’indice, et sans rappeler spécifiquement les augmentations des indemnités d’élus, il faudrait chercher du côté des effectifs de personnels en large hausse, de la politique des primes (disproportionnées et inéquitables) et du maintien des hauts salaires non corrigés malgré les engagements … de campagne (déclaration TDP : « Aujourd’hui, il faut que le Maire et son équipe aient le courage de dire à ceux qui perçoivent des rémunérations trop importantes : « Madame, Monsieur, nous n’avons plus les moyens de vous garder et nous devons nous séparer de vos services ; non pas que vous soyez trop payés au regard de vos compétences mais trop payés au regard des possibilités financières de Saint – Cyprien… »)
Encore une fois, que de temps perdu … Tout cela devait être traité énergiquement, en amont, dès 2009.
Une carrière politique à construire pourrait-elle expliquer ces retards qu’il nous faut payer au prix fort aujourd’hui?
La question finale posée au maire en fin de débat laissait donc la porte ouverte à un possible mea culpa, exercice judéo-chrétien d’une laïcité douteuse mais déjà expérimenté ces temps-ci et d’une efficacité morale nécessaire en politique :
« Quelle est donc M. le maire, après 8 ans de gestion communale, après l’appauvrissement de la ville et de la population dans leurs biens, quelle est donc la part de responsabilité personnelle que vous vous reconnaissez dans cet engloutissement annoncé ? »
Pas d’autre réponse que le rappel en boucle du désengagement de l’État, de l’importance de la dette, et du poids de la masse salariale.
"Groupe Mosaïque"
Pour mémoire :
« Il ne s'agit pas d'avoir le culte du chiffre mais celui de la vérité. Les chiffres ne sont que la traduction du réel mais au cœur du budget, qui fonde la vitalité communale, ils expriment un projet; s'ils sonnent faux, ils invalident le projet et discréditent celui qui le porte. Le mépris de la vérité a un coût immédiat (7%), mais il se paye toujours un jour ou l'autre, d'une façon ou d'une autre. » (Jean JOUANDET)
A (re) lire :
http://www.pugnace.fr/2016/04/le-maire-aime-sa-ville-mais-il-n-aime-pas-ses-habitants.html