A quoi bon ?
À quoi bon s’acharner à ajouter des mots plus forts aux maux simplement locaux que la prolifération des gros scandales politico-financiers nationaux risque de noyer dans le flot des indignations politiques ? À quoi bon redire ou réécrire tout ce que chacun sait et dont la divulgation ne change pas grand-chose au quotidien ?
Je cède pourtant à la nécessité de vous raconter les vérités que je sais. Des vérités pour éclairer le poids de cette mésaventure municipale qui pèse en mon esprit et en mon cœur. Je dois vous dire la lente agonie de notre ville, de notre démocratie, vous dire aussi la mort de deux hommes, celle de l’ancien maire, Jacques Bouille, et celle de Jean, mon mari. Le premier, victime de l’effet boomerang du mairisme qu’il a lui-même instauré. Le second, emporté par la violence d’un mairisme exacerbé qu’il n’a eu de cesse de dénoncer.
Au commencement …
Ce matin de décembre 2008, je m’apprête à prendre mon petit-déjeuner lorsque Jean rentre dans la pièce porteur d’un sac de croissants chauds, d’un bouquet de fleurs, c’est mon anniversaire, et du journal local « l’Indépendant ». À son air, je pressens une nouvelle d’importance. Je ne m’attends cependant pas à pareille annonce. Jean me lance, en brandissant le journal : « Jacques Bouille est placé en garde à vue. » Ni Jean, ni moi, ne pouvons imaginer à ce moment-là les conséquences que cet événement allait avoir sur notre vie …
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