Thierry Del Poso a toujours privilégié la personnalisation des conflits pour évacuer les questions qui fâchent : la haine et l'âge de son principal opposant d’hier ont été ses deux propos récurrents.
Le maître maire a fait école puisque nos détracteurs d’aujourd’hui, prétendants à la succession de notre édile, reprennent de la même façon la thématique de l’âge pour tenter de déconsidérer les empêcheurs de tourner en boucle. A quand la haine ?
A défaut de bulletin municipal, les pages facebook réduisent ainsi le débat public à une peau de chagrin.
L’invocation de l’âgisme est assez inattendue à ce niveau modeste de débat et de compétition où les intérêts communs de proximité devraient faire prévaloir l’unité sur l’hostilité. En dépit des priorités de rassemblement qui devraient s’imposer pour restaurer cette ville sinistrée, les éructations facebookiennes ponctuent les rapports politiques locaux : elles semblent être pour certains le revers de manche qui balaye les gêneurs. Dans cette dialectique d’autodéfense l’âgisme fonderait la critique, il serait le ferment des désaccords, la cause des ruptures, le moteur d’une contestation-détestation. Paroles de prétendants d’une « Autre Voie » (ou « Voix ») carrés dans leurs faibles certitudes et supportant mal le questionnement mais aussi réflexe répandu de-ci de-là pour esquiver la réalité dérangeante.
C’est la solution de facilité élémentaire, pour ne pas dire puérile, qui impute la mauvaise note du mauvais élève au méchant vieux professeur. A tout âge, il est moins agréable et moins facile de justifier ses erreurs que d’accuser d’âgisme ceux qui les dénoncent. La raillerie supplée à la discussion sur la vérité des faits. Le grief d’âgisme à lui seul permet de fuir les questions posées et d’inverser la charge de la preuve en attaquant les « vieux » sur leurs aptitudes au renouvellement.
L’âgisme dénoncé par l’un devient le mal qui sonne l’alarme pour rassembler les troupes face à l’épouvantail des décatis.
Enfin le mot défoule. C’est tout ensemble un exutoire verbal et une confession cachée. L’accusation qu’elle soit ciblée ou à la cantonade s’apparente à un exercice d’auto-purification. En affichant son rejet des Vieux, le dénonciateur de cet âgisme utilitaire s’accorde l’absolution de sa propre inimitié et s’autorise l’insulte.
Faut-il que la réflexion soit creuse pour tenter d’exister avec de tels propos !
Isabelle Jouandet