La question est posée : faut-il aller au TE DEUM de THIERRY DEL POSO ?
Car, nul ne s’y trompe, la « cérémonie » des vœux (c’est la formule même de l’invitation) est un Te Deum à la gloire du célébrant. Jadis organisé pour rendre grâce à Dieu d’une victoire, le Te Deum célébrait surtout la grandeur du monarque (1). La République a laîcisé la cérémonie, les communes l’ont annualisée et Saint-Cyprien, entre autres, excelle à la démagogiser par l’appât du « déjeunatoire » pour électeurs et du ludique pour enfants. La sono remplace les grandes orgues, les projecteurs et la video en guise de vitraux pour mettre en lumière les œuvres du héros local, des tréteaux nappés de salés et de sucrés pour communier après le one man show et avant le pot pourri Luis Mariano. Dieu merci, on peut proclamer en chœur : 2012 a été une bonne année, 2013 sera merveilleuse car THIERRY DEL POSO, le grand nom des sucettes urbaines, vaincra, il vaincra l’adversité des choses et des hommes. Braves gens, applaudissez !
Alors ?
Jean-Claude MONTES me pardonnera si, tout en souscrivant à son excellente analyse (commentaires 2 et 13 sous article précédent), j’en nuance personnellement la conclusion parce que ne me situant pas sur le même plan. Il s’exprime en conseiller municipal responsable, abusivement associé sur les cartons et les affiches à cette cérémonie d’auto-promotion de qui vous savez et légitimement soucieux de se démarquer de toute exploitation politicienne. Pour ma part, étant démis du fait du prince de cette assemblée fantoche et redevenu simple contribuable (privé temporairement de mes droits civiques) j’ai retrouvé une totale disponibilité d’action, et d’humeur, et notamment la liberté de participer à ma guise, ou non, en observateur, en commentateur, en électeur (de demain), en administré plus qu’en invité, bref d’exercer mon libre-arbitre comme JCM invite lui-même chaque citoyen à le faire.
Elu, donc théoriquement plus ou moins co-responsable de la gestion municipale, je ne saurais cautionner cette mascarade coûteuse dont, faute de pouvoir la corriger, je me suis abstenu les années précédentes. Mais aujourd’hui, exorcisé par le caprice du maître local, pourquoi ne pas venir comme tout contribuable appelé à payer les factures des réjouissances et des fautes ?
Pourquoi ne pas venir, au moins symboliquement pour témoigner ? Témoigner en silence de l’indignation pour ce dévoiement. Témoigner surtout par sa présence que l’engagement se poursuit pour mettre fin aux aberrations qui sapent la commune.
Ne pas venir pour le spectacle (du déjà vu !), ni pour le buffet, ni pour dire, ni pour entendre, ni pour être vu. Venir non pour saluer le maître et sa cour, ni pour siffler, ni pour applaudir. Ce n’est pas venir pour rien que de venir retrouver les amis indignés qui auront eu le cœur à affronter la « cérémonie » dispendieuse et vaniteuse. Ce n’est pas venir pour rien que de témoigner l’indignation de ceux qui auront préféré boycotter la (ré)jouissance de Thierry Del Poso, alias Monsieur « la commune-c’est-moi ».
Ce n’est pas pour rien que de venir, selon l’humeur du libre-arbitre, pour ne pas applaudir.
Jean Jouandet
momentanément en congé municipal
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(1) Voltaire décrivait ainsi le siècle de Louis XIV : « on périssait de misère au bruit des TE DEUM et parmi les réjouissances ».