résumé des épisodes précédents : sachant quels sont les claviers sur lesquels peuvent travailler le comptable local et le TPG, qu'ont-ils donc fait et pourquoi n'ont-ils pas empêché qu'on en arrive là en 2008-2009 ?
Bonne question.
Merci à Mimi et aux autres d'appeler une réponse flatteuse pour mon ego.
Avant de devenir honoraire, le Pugnace a exercé les fonctions de TPG de ce département du 1er décembre 1992 au 31 janvier 2005. Son activité concrète couvre donc 11 années complètes, de 1993 à 2004.
Ne peut-on pas dire, à lire les résultats financiers de la ville de Saint-Cyprien durant cette période puis après son départ en retraite que le TPG de ces 11 années fut :
- très fortiche puisque, les chiffres parlent, la catastrophe n'a pas eu lieu de son temps
- très malin puisqu'il est parti quand tout allait commencer à tourner mal.
Prenons deux séries de chiffres significatifs
et comparons la situation avant et après mon départ (2005) :
- le montant de la dette (en capital restant dû) ce qui donne une idée de la charge que vont supporter les contribuables des années suivantes
2003 : 25,5 millions
2004 : 28,8
2005 : 36,5 millions
2006 : 42,3
2007 : 48,5
2008 : 54,6
l'endettement a doublé
- la capacité d'autofinancement (en millions d'euros) ce qui chiffre la capacité présente de la commune à investir donc à préparer l'avenir.
2003 : + 1,2 millions
2004 : + 1,2
2005 : + 0,857 millions
2006 : - 1,595
2007 : - 1,434
2008 : - 0,850
la capacité de positive est devenue négative
Ai-je eu de la chance ou de l'habileté ? la dégradation ne date pas de mon temps.
Ai-je contribué à la freiner voire à la retarder ? Ce serait une expression abusive d'ego que de le prétendre. Disons simplement que:
- la gestion quotidienne par le receveur, et en appui du receveur, a au moins eu le résultat d'éviter les dérives qui ont suivi dans les années 2005 à 2008
- j'ai fait faire en 1994 une analyse financière de l'ensemble de la commune et avec le collaborateur qui l'avait réalisée nous sommes venus la présenter au maire de Saint-Cyprien et à son adjoint aux finances. Le document a disparu des archives de la mairie, happé m'a-t-on dit par les perquisitions policières (ou passé à la déchiqueteuse de papiers). On doit pouvoir le retrouver en Préfecture ou en Trésorerie. Les conclusions présentées aux élus soulignaient les deux tendances dangereuses à savoir un endettement et une fiscalité d'un niveau déjà supérieur aux moyennes. La situation appelait une surveillance stricte et une gestion plus orthodoxe mais elle n'était pas dramatique. Elle pouvait être maîtrisée mais nous avions eu le sentiment d'être écoutés distraitement. C'est là l'échec que je dois reconnaître après coup: je n'ai pas su convaincre le maire et son adjoint de changer vraiment de cap et de méthoce, ils ont temporisé.
- par la suite, j'ai tous les ans étudié les comptes de la commune de Saint-Cyprien, comme les autres, dans le réseau d'alerte des finances locales. Selon les années, elle s'inscrivait dans l'une ou l'autre des catégories à plus ou moins surveiller, sans toutefois sombrer dans le rouge, et elle faisait l'objet d'un traitement de conseil approprié par les services préfectoraux dont on me pardonnera de n'avoir gardé ni les archives ni le souvenir détaillé.
Pour dater la dégradation (2004/2005) reprenons les grandes évolutions:
- impôts locaux : + 44 % entre 2003 et 2008
- charges financières (intérêts de la dette) : + 116 %
- endettement souscrit chaque année : + 330 %
- encours de dette (en capital) : + 114 %
- fonds de roulement : - 93 %
Ouf, je l'ai échappé belle: alors, qu'en pensez-vous fortiche ou malin ?
au prochain numéro l'analyse financière de 2007 et ses suites.