Encore quelques jours et la saison des faux-culs va battre son plein : nous allons être envahis de messages dont la sincérité codifiée et passe-partout s’autorise de la tradition pour mieux se jouer des hommes ! Pré-imprimés pour être envoyés au plus grand nombre, ces messages sont de coûteuses mystifications en quadrichromie qui répondent parfois à des impératifs sociaux d’une certaine candeur mais qui, le plus souvent, relèvent d’un calcul cynique d’attrape-nigauds. Les hommes politiques sont passés maîtres dans cet art du néant, aidés en cela par des budgets conséquents qui leur permettent d’inonder leur territoire de vœux altruistes et fleuris. Les imprimeurs sont à la fête, les facteurs aussi. Nul ne doit ignorer les douceurs dont le maire souhaite nous combler, les bonheurs que notre conseiller général nous garantit, les bienfaits que le conseiller régional nous façonne … Sénateurs et députés ne sont pas en reste et tout ce petit monde qui détient pourtant les clefs du pouvoir s’en remet, une fois l’an, à la magie des vœux pour imaginer l’avenir qu’ils ont en charge de gérer. On ne saurait mieux avouer son impuissance et peut-être sa vanité.
Habituellement ces messages se terminent par une belle citation, scrupuleusemnt renouvelée et dans laquelle leur passion de servir s’illustre par l’amour désintéressé du prochain, voire de l’humanité entière. Peu importe l’auteur de la citation et le détournement du sens originel pourvu que la formule fasse oublier la banalité des propos: l’artifice de l’exercice et l’imposture du message ont besoin de l’aile protectrice d’un plus grand !
Alors, que dire ici qui ne sente ni le calcul politicien, ni la compassion affectée ? Comment satisfaire aux besoins de ces codes sociaux à résonance festive sans tomber dans le pathos ou l’unanimisme sirupeux, sans paraître exploiter aussi les bons sentiments ? Il n’est pas de jour sans scandale, sans drame, sans motif d’indignation donc sans raison de vouloir tout changer mais sans s’en remettre à l’impuissance des autres. Alors, s’il est vrai que « être un homme c’est diminuer sa part de comédie » (tiens ! une citation), tentons d’être sérieux pour grandir et de faire consensus pour agir ensemble. Voici pour 2013, la lettre verte et recyclable de PUGNACE & C° :
« Madame, Monsieur, chers concitoyens, lecteurs fidèles ou simplement curieux,
Dans peu de jours, la fin du monde nous ayant momentanément oubliés, nous embarquerons pour une nouvelle année. C’est du moins ce que nous espérons tous pour nous-mêmes et pour nos proches…
2012, comme les années précédentes, ne nous a pas toujours épargnés malgré les nombreuses cartes de vœux que nous avons échangées. Nous avons connu bien des embarras et des tristesses tels que la vie les réserve un jour ou l’autre à chacun d’entre nous et contre lesquels il n’est la plupart du temps ni recours ni secours hormis la révolte stérile, l’acceptation résignée ou pour certains l’espoir transcendant d’un au-delà d’amour et de paix.
Ne me prenez pas cependant pour un rabat-joie ou un misanthrope : je ne vois aucun inconvénient à ce que la vie vous épargne tracas et chagrins en 2013; bien au contraire, je me réjouirai avec vous de votre bonheur. Mais je n’y serai pour rien, pas plus que le président du conseil régional ou celui de toute autre institution. C’est vous qui en détenez la recette.
Dans la sphère publique en revanche, nous avons tous et ensemble une possibilité d’action. A défaut de nous en remettre candidement à des vœux en l’air dans l’attente passive de leur réalisation, nous pouvons nous engager et prendre notre part des changements nécessaires. Les motifs de mécontentement ne manquent pas et nous les partageons sans qu’il faille ici encore les énumérer. .
Puisque les vœux ne sont pas suffisants, ensemble, citoyens, contribuables, électeurs, il nous faudra œuvrer pour réclamer une justice transparente, ferme, rapide et respectueuse des principes et des hommes, obscurs ou célèbres. Une justice républicaine et impartiale qui, au nom du peuple et de lui seul, permettra de restaurer le crédit de la démocratie en supprimant le poison de la suspicion.
Partout des voix de tous bords s’élèvent en ce sens.
Saint-Cyprien se doit d’être au rendez-vous de cette espérance
et chacun se doit d'y participer.
Ce n’est pas un vœu mais un élan partagé
Signé PUGNACE