Quoiqu’en écrive le reporter de l’Indépendant (du 13 octobre) venu sonder les cyprianais sur leur ressenti des péripéties judiciaires locales, Le Bilbo n’est pas le temple de l’oracle démocratique et M. Isidore Litté n’est pas le seul citoyen à s’exprimer sur les rebondissements de l’affaire Bouille. Ici et là, “ en ville ”, les langues se délient.
Elles se délient discrètement. Prudemment. C’est qu’on a toujours un enfant, un frère ou une épouse, qui travaille (nt) pour la mairie ; on est soi-même plus ou moins impliqué dans un réseau d’amitiés ou de copinage ; ou à un certain moment de la vie on a bénéficié d’une faveur. Ce “ partage ” n’a été ni transparent ni équitable. Et la reconnaissance qui bien sûr honore le clientélisme n’est contraignante qu’un temps, le temps glorieux. Ce temps s’achève.
Les langues se délient donc et les jugements deviennent cyniques. Certes l’accumulation des annonces sur des affaires anciennes et nouvelles accrédite le trop célèbre “ tous pareils ” et semble tout absoudre, enfouissant dans le même sac d’acceptation résignée le petit “ service ”, le privilège indu et la prise illégale d’intérêt. Certes l’attitude complaisante de l’opposition autoproclamée “ légitime ” renforce cette passivité consternée. Certes les atermoiements de la justice confortent l’impression des “ 2 poids/2 mesures ” qui démobilise. Certes les voix sensées demeurent insuffisamment audibles face à la communication officielle et à la complexité des sujets traités tant qu’elles restent dans l’expression raisonnée et paisible.
Mais avec l’indignation croissante, l’impatience monte dont on ne saurait dire ce qu’elle produira.
Jamais peut-être des évènements locaux ne sont venus depuis 2009, impacter si fort ni si longtemps le moral des cyprianais et entrer aujourd’hui en sinistre résonance avec les difficultés plus larges de la crise, du chômage et de la confiance perdue. Rien n’est pire, en politique comme en amour, que la confiance trahie et pire encore la confiance trahie dans l’épreuve et dans les difficultés.
Car c’est au nom de la confiance, sollicitée de façon pressante et accordée démocratiquement, que l’ancien opposant de 2008, avocat de son état, chevalier blanc d’intention, a pris la place du maire abattu. Après, apprend-on aujourd’hui, que l’opposant en conseil municipal soit devenu le dénonciateur de l’ombre, l’instigateur du procès fatal puis son heureux bénéficiaire. Le voici devenu maire “ négligent ” et “ témoin assisté ” après avoir été l’assistant actif de l’accusation.
La déception est forcément à la mesure des attentes et des exigences qui s’imposaient. Saint-Cyprien, qui “ a déjà donné ”, ne peut s’accommoder de celui que l’oracle autorisé du port qualifie, non sans humour, de “ bon maire qu’il faut laisser travailler ”. Le laisser travailler en paix ? C’est-à-dire que l’on efface tout et qu’on continue ? En paix, en silence, sans contrôle ? En toute opacité ? Les errements manifestes et impunis baptisés négligences par une justice, menacée (ou menaçant) de devoir abandonner d’autres poursuites de triste mémoire, viendront dans ce cas grossir dangereusement les frustrations et les ressentiments anciens tandis que leurs conséquences gonfleront durablement l’ardoise de nos enfants. Le système démocratique, largement déconsidéré, permettra alors toutes les aventures. Nous ne voulons pas de cela !
Nous ne voulons pas que Saint-Cyprien sombre définitivement dans ce que Jacques Attali appelle dans l’Express de cette semaine “ l’infra-France ”, celle des zones ou des communautés de non-droit
Nous voulons la clarté et comme le titrait le journal “ il faut un procès pour la vérité ”. Nous souhaitons tous “ la Justice ” c’est-à-dire l’aboutissement sans ambiguïté des plaintes déposées. De toutes les plaintes. Celles d’hier et celles d’aujourd’hui. Nous voulons connaître, s’il y en a, toutes les interactions du mandat actuel avec les gouvernances anciennes. Nous voulons reprendre confiance en la Justice de notre pays et en la Démocratie. Nous voulons que Saint-Cyprien ne soit plus l’instrument politicien d’ambitions personnelles mais rejoigne les villes scrupuleusement administrées et respectueuses du seul intérêt de ses habitants, contribuables et citoyens.
Relisons Jacques Attali (l’Express 10/10/2012 p. 162) “ si les autorités républicaines ne reprennent pas vite le dessus, c’en sera fait de la nation. Elle sera peu à peu, comme ailleurs, remplacée par le règne du fait accompli, des tribus et des mafias… Il faut d’urgence rétablir l’autorité. Et fixer le cap… Tout cela n’est ni de droite ni de gauche. C’est républicain. Tout simplement. ” C’est CAP ESPOIR POUR MA VILLE.