Voici, à quelques variantes près, la déclaration que j'ai faite en ouvrant la séance du conseil municipal de ce jour :
"Le statut de doyen de cette assemblée, le seul qu’ici personne ne me conteste, m’octroie la charge de présider cette séance où il convient de procéder à l’élection du maire. C’est la 2ème fois que je suis amené à assurer ainsi la transition entre la campagne électorale et la prise de responsabilité des nouveaux élus.
Jamais deux sans trois … la répétition risque de susciter en moi une vocation tardive pour ce fauteuil présidentiel (1) et de me préparer pour une prochaine échéance qui pourrait être la bonne.
Cette observation n’est faite bien sûr que pour alimenter les interrogations des gazettes. Elle n’altère pas le sens démocratique fort que donne à cette séance ma modeste contribution. C’est en effet après que plus de 21 % des votants m’ont fait confiance que je suis aujourd’hui de retour en ce lieu d’où une piètre machination m’avait naguère démissionné. La situation de 2014 n’est plus du tout celle de 2009 où mon soutien avait été sollicité pour contribuer à l’élection de la majorité et où ma position de second dans la liste élue faisait dire au premier sorti des urnes que je n’étais même pas élu ! La situation a bien évolué entre 2009 et 2014: c’est aujourd’hui en leader majoritaire des minorités que je vais procéder à l’installation de la nouvelle majorité. Belle illustration de démocratie.
Le système démocratique est respecté. Les électeurs ont fait un choix, je le respecte et je le pratique : puissent-ils ne pas regretter ce choix. Quoiqu’il advienne, la campagne électorale est terminée, son résultat est connu et non contesté même si à bien des aspects la campagne a pris des tournures contestables, (2) substituant l’attaque personnelle au débat d’idées que j’ai proposé et qui a été refusé. Il n’est pas dans mes intentions aujourd’hui ni dans mes compétences du moment d’en traiter ici.
Cependant pour que les choses soient claires, je dois par honnêteté intellectuelle dire que si je prends acte des résultats du scrutin qui s’imposent à tous les démocrates, ils ne m’imposent pas au plan personnel de faire abstraction des injures, grossièretés et diffamations dont j’ai été victime. D’abord pendant 4 ans y compris dans cette salle en avril 2012 devant tous les personnels communaux et intercommunaux puis tout au long de cette campagne par le biais d’un organe de communication anonyme, par le porte à porte et les réseaux sociaux.
Quelle que soit la légitimité formelle que le scrutin confèrera au nouvel élu, cette indignité de comportement compromet pour moi toute relation humaine avec celui qui en mairie et en qualité de maire a refusé ostensiblement de me serrer la main devant d'autres élus et notamment le président du conseil régional et qui n'a cessé de me faire outrageusement diffamer.
En bref les faits m’interdisent de le congratuler personnellement, mais le droit m’oblige en revanche à procéder sereinement, comme il se doit, à l’élection normale du maire.
Ce que nous allons faire maintenant."
Jean JOUANDET
Et il est ensuite procédé selon les usages normaux à l'élection du maire pour laquelle il n'y a eu qu'une seule candidature (je vous laisse deviner) et un seul tour. Puis j'en proclame les résultats avant de quitter le siège et la séance :
votants : 33 (dont 2 par procuration)
blancs ou nuls : 7 ... ne restent ainsi en faveur du seul candidat (vous avez deviné?) que 26 voix sur les 27 élus de la liste majoritaire.
On ne saurait prêter au candidat l'élégance qui consiste à s'abstenir de voter pour soi-même et on s'interroge donc sur l'identité du courageux biface qui participe publiquement à la majorité mais dans l'isoloir ne soutient pas son leader (va-t-il voter au scrutin public les indemnités au taux de 140%?).
J'ai personnellement une petite idée (peut-être deux) mais j'ouvre un concours "recherche dans l'intérêt de la commune" : qui est selon vous ce biface politique ?
(1) à propos du fauteuil présidentiel, j'ai demandé au directeur général des services de bien vouloir enlever avant que je ne vienne m'asseoir à la présidence le fauteuil en simili noir moulé sur l'arrière-train du maire sortant ... ce qu'il a fait illico ... en omettant de le remettre en place pour accueillir derechef celui du maire rentrant lequel a donc du se contenter du bois dur des chaises municipales. Gageons que sa première décision sera de rétablir les choses comme avant mon intermède !
(2) des mouvements divers se manifestent alors dans l'assistance, dont des bruits à l'évidence peu amènes à mon égard. Je suis donc amené à rappeler qu'en cas de trouble, le pouvoir de police qui m'est provisoirement dévolu me conduirait à suspendre la séance, selon les pratiques chères au maire sortant. La menace suffit à rétablir le calme et à permettre à l'auditoire de suivre la fin de mon intervention ... tout au moins l'auditoire privilégié qui dans la salle était correctement desservi par les hauts-parleurs car la sonorisation avait été réglée de façon parcimonieuse et la salle opportunément garnie par les bons auditeurs.