L'architecture déploie partout en France l'imagination des hommes de l'art pour créer des structures novatrices, originales et plus ou moins habitables. Tantôt des cités universitaires aménagent les studios pour étudiants dans des containers.Tantôt certaines hôtelleries de plein air installent leurs chambres dans les arbres (c'est un bon moyen pour les mettre à l'abri des inondations: M. Ambroise devrait y penser). Tantôt comme ci-contre on plonge au contraire la maison dans la Loire pour la sublimer en oeuvre d'art.
Saint-Cyprien, ville d'art toujours prête à innover sous l'impulsion de son Maître, ne pouvait pas ne pas participer à ces recherches. Elle a trouvé un créneau : le garage-salon. A vrai dire, on n'en connaît pas encore le nom: ce peut être "chambre à coucher pour 4x4" ou "living-car" ou "vitrine à tauto"
De quoi s'agit-il ? d'une réalisation en trois temps, deux façades et un miracle.
1. Dans un lotissement de la commune, essentiellement à circulation piétonnière (avec parkings pour chaque lot à l'entrée), les propriétaires d'une maison souhaitaient l'agrandir mais comme elle se trouvait inscrite dans un secteur soumis au risque d'inondation le permis de construire ne leur fut pas accordé ... immédiatement. On leur suggéra pour se mettre hors d'eau de construire un garage. La demande de permis fut donc modifiée en ce sens et le permis accordé pour un garage.
2. La construction fut ainsi entreprise mais étrangement l'espace à vocation de garage se trouva doté d'une façade changeante, du fait de l'installation de deux types de fermetures. La première était sans surprise un rideau roulant banal, correspondant bien à la vocation déclarée de garage, dont la nature et notamment la largeur permettaient le passage d'un véhicule automobile. La seconde en revanche, une baie vitrée coulissante, paraissait poser problème : si le véhicule familial avait les dimensions habituelles, ce qui était bien le cas, la baie coulissante semblait devoir être démontée à chacune de ses entrées et sorties.
3. la mairie, alertée sur cette étrangeté, qui semblait s'apparenter à une violation du permis de construire trouva la solution. M. Roméo ne parle pas beaucoup en conseil (m'a-t-on fait remarquer chaque fois que je l'interroge via ce blog), il ne parle pas beaucoup mais il agit, il agit en douce, et efficacement ... du moins si on met à son crédit d'adjoint, chargé des permis de construire, la solution trouvée pour valider ce garage à deux faces. La mairie n'a pas fait modifier la construction pour la remettre en conformité avec le permis de construire, cela aurait trop contrarié les propriétaires tricheurs (mais électeurs). Elle a accordé tout simplement une décision de non-opposition à la déclaration de modification de façade, déposée après coup par ces tricheurs en quête d'amnistie (et porteurs de quelques bulletins de vote): on a donc admis qu'une "porte coulissante en menuiserie aluminium derrière la porte du garage" était correcte.
Le "ON" a admis signifie que après la mairie, la préfecture a admis aussi que ce tour de magie était possible. Elle a même précisé que son service "risques" (celui à qui on impute le refus opposé au promoteur de camping qui concurrençait M. Amboise) a émis un avis favorable en considérant que cet aménagement mineur ne crée pas de surface habitable. On ignore si ce M. Risque est venu voir sur place quel est l'usage de cet espace, s'il est capable de dire si il y a à l'intérieur une voiture ou un salon ou un lit. Le travail d'un service de l'Etat étant aussi de vérifier, peut-on imaginer que M. Risque a pris le risque d'être démenti? mais alors pourquoi ...
Question cruciale : pourquoi le préfet ajoute-t-il que si ces travaux "devaient porter sur une extension de la partie habitable de la construction existante (ils) constitueraient une infraction ... passible de poursuites pénales devant le tribunal correctionnel" ,
- ou bien ON est sûr qu'il n'y a pas extension, après avoir vérifié, et ON dit OK,
- ou bien ON ne sait pas et on vérifie,
- ou bien On sait et ON saisit le Procureur de la République.
Ce living-car à deux façades fait penser à l'hôtel Moscou, construit sous Staline par un architecte qui lui avait présenté deux projets de façade sur la même feuille: Staline signa son accord entre les deux et l'architecte n'osa pas demander au dictateur quel était son choix : il construisit l'hôtel avec deux façades jointives. MM. Del Poso et Roméo, qui ne sont pas Staline, font cependant mieux : ils font deux façades superposées.