Pourquoi je ne participerai pas à l'inauguration de la piscine ?
Bien sûr, pour les raisons écrites précédemment: parce que cette dépense est démesurée vu l'état de nos finances et que l'astuce qui consiste à faire réaliser par Sud-Roussillon est grossièrement trompeuse. Parce que cette opération est l'illustration spectaculaire de l'abus de pouvoir commis par des élus "sortis des urnes " et qui se croient ainsi maîtres absolus du pouvoir, autorisés à décider sans contrainte et sans modération de l'argent public. La qualité des installations nautiques éventuellement réalisées, et la présence d'un champion lors de l'inauguration, ne légitiment pas cette légèreté irresponsable dans la gestion de l'intérêt public: un maire ou un président n'a pas le droit de se faire plaisir avec l'argent des contribuables et surtout sans leur accord.
Mais la raison majeure de mon absence le 6 janvier 2011 et dans d'autres circonstances semblables est à la fois personnelle et de principe. Personnelle ce qui veut dire que je comprends fort bien que d'autres élus ne partagent pas mon opinion, qu'ils aient une attitude différente et qu'ayant une autre démarche ils estiment devoir participer tout en désapprouvant. C'est pour moi une position de principe car je n'ai accepté de participer (un peu) à l'aventure communale que dans un objectif précis: aider à remettre de l'ordre (moral, légal, financier et politique) dans la machine municipale. N'ayant pas pu être efficace de l'intérieur, j'ai estimé indécent de déserter mais au contraire indispensable de persévérer autrement sur ce projet parce qu'il était d'intérêt public, et non pas d'ambition personnelle. J'ai ainsi, avec mes amis, décidé de poursuivre de l'extérieur l'objectif que nous nous étions donné puisqu'il apparaissait que les responsables de l'intérieur n'en prenaient pas les moyens.
Mais cette mission presque impossible n'a pas pour but de nous installer dans le système c'est-à-dire de critiquer sans complaisance, puis de participer paisiblement à ce que nous souhaitons changer. Je n'ai pas accepté de siéger au conseil pour faire de la figuration, pour jouer à l'opposant qui critique des projets et qui vient trinquer aux inaugurations. Je ne suis ni un toque-manettes, ni un diplomate, ni un m'as-tu-vu, je me moque des photos de presse, je suis sans goût pour les petites festivités de village, je ne cherche pas à me peopliser et franchement j'ai mieux à faire que d'assister à des coupers de ruban tricolore par Del Poso, Bousquet et Pumareda.
Tout cela m'interdit de venir faire de la figuration officielle auprès du maire, d'écouter sans les approuver ni les contester ses discours satisfaits et donc d'avaliser tacitement en public une situation que je réprouve en mon for intérieur car je la trouve nuisible pour la commune. C'est une question de respect des autres et de moi-même. Je ne peux pas faire semblant d'accompagner. Je ne veux pas avaliser moi-même le fait accompli comme les 20, dits de l'équipe du maire, avalisent ses décisions par leur silence résigné ou soumis ou indifférent ou ignorant. Etant venu là pour faire changer les choses et les pratiques, je ne peux pas y souscrire en déambulant derrière cette équipe dans les vestiaires de la piscine ou ailleurs.
En bref, l'important pour moi c'est de ne pas participer à ce qui n'est ni dans mon éthique, ni dans mon goût, ni dans mon action ... C'est un point de vue "d'ego" qui n'engage donc et n'intéresse que moi mais j'ai cru devoir en donner l'explication pour ceux que, par hasard, ma modeste absence pourrait surprendre: cette absence dans le spectacle de rue est cohérente avec ma participation soutenue sur l'essentiel.
Jean JOUANDET