Cette analyse est extraite de la Chronique de Christine Kerdellant dans l’Express du 30 octobre 2013:
« La Cour des Comptes, sous la houlette du socialiste Didier Migaud, a publié, le 14 octobre, son premier rapport sur les collectivités locales. Ces 500 pages dressent un bilan sans appel : trente et un ans après la loi fondatrice, la décentralisation a tué le contribuable français. Car, d’un côté, l’Etat s’est défaussé de certaines charges sur les collectivités, sans réduire d’autant les siennes : il en a profité au contraire pour engager de nouvelles dépenses. De l’autre, les collectivités se sont développées de manière disproportionnée. Entre 1983 et 2011, les dépenses des administrations publiques locales – qui culminent aujourd’hui à 250 milliards d’euros – ont augmenté de 3 points de PIB.
Sans cette dérive, les dépenses publiques en France ne représenteraient pas 56,6 % du PIB mais 53,6 % : toujours très au-dessus de la moyenne, mais au même niveau que les pays scandinaves. Sur ces 3 points de PIB, 1,6 point est dû à la décentralisation proprement dite (prise en charge des collèges et lycées, du RMI, du handicap …) et 1,4 à la hausse des dépenses traditionnelles … C’est l’explosion des dépenses de personnel qui a le plus pesé. 410 000 individus (sans compter les emplois aidés) ont été embauchés depuis 1998, indépendamment des mouvements occasionnés par le transfert de compétences. Or une hausse de 1% du nombre d’agents représente une dépense de 560 millions par an !
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Il faudrait, bien sûr, pouvoir tout effacer. Démanteler le mille-feuilles administratif. Rebâtir une France idéale, avec des métropoles puissantes, de grandes régions et un Etat léger et économe. Mais à défaut de rêver, sommes-nous condamnés à subir les dérives de ces bateaux ivres que sont certaines collectivités ? Il est urgent de mettre en place des contre-pouvoirs plus forts : des assemblées moins soumises à l’exécutif local, un rôle de l’opposition renforcé, une transparence accrue des dépenses et des moyens supplémentaires pour les Chambres régionales des comptes. Car, « si les administrations sont nombreuses, le contribuable qui les finance par l’impôt, lui, est unique ». C’est Didier Migaud qui le dit. »
Cela fait 4 ans qu’à l’échelle locale nous instruisons ce bilan désastreux et préconisons des solutions. Nous y reviendrons sans cesse. Cela a été dit depuis longtemps et de diverses façons : la bonne politique repose sur la bonne finance. Certes la gestion des choses et des comptes ne fait pas une ambition politique, elle la conditionne, elle la rend réaliste.
Le développement harmonieux de la cité doit concilier le rêve de l’électeur et le portefeuille du contribuable.