Encore un conseil municipal, ce soir, pour imposer le bon vouloir d'un seul à quelques bras levés - levés pour dire "non" ou "ni oui ni non" - et à l'indifférence piteuse de l'entourage (ignorance ou passivité, soumission, résignation ou indifférence, l'inertie des bras et de la tête étant assimilée à l'acquiescement). Pourtant tous les dossiers ne sont pas sans importance - on y reviendra en détails sur le fond quand on aura pu apprécier les échanges des oppositions présentes et de la majorité absente ... mais importants ou pas, tous les dossiers passeront vite à la moulinette du rituel: "qui est contre, qui s'abstient, je vous remercie, dossier suivant".
Pour l'instant, retenons le rapport qui illustre parfaitement la nullité de la démocratie cyprianaise (c'est normal elle a été abolie par la volonté du sorti des urnes): c'est le dernier. Le rapport N°15 a pour objet le "remplacement des représentants du conseil municipal au sein des organismes extérieurs". Il y est écrit : " dans un premier temps et conformément à l'injonction du Tribunal, la commune a réintégré Mme Leroy par délibération du 26 novembre 2012. Dans un deuxième temps, il convient aujourd'hui, compte tenu des dissensions toujours existantes et vu l'article L 2121-33 du CGCT de procéder au remplacement de Mme LEROY au sein de la régie du port"
"il convient" ... "compte tenu des dissensions" ... point n'est besoin de commenter longuement ce texte dont le seul mérite est d'être clair. Le Tribunal (administratif) a ordonné que Mme Leroy soit réintégrée au conseil portuaire. Soit, on fait simulacre d'obéir et moins d'un mois plus tard on s'en débarrasse de nouveau car l'intruse ne "convient" pas au Maître, elle a le fâcheux défaut de n'appartenir pas à la catégorie des soumis ou obligés, des passifs ou peureux, des indifférents ou ignorants, des résignés ou soudés, qui somnolent, rêvassent ou ricanent au lieu de discuter et qui au moment de voter baissent la tête, le bras et tout le reste (l'honneur s'entend). Elle a dit la vérité, il faut qu'elle soit exécutée.
M. Paillarés peut être plébiscité au niveau national des ports de plaisance, M. Del Poso élu au conseil d'administration des élus du littoral, ici il leur faut la mer calme, le monde du silence, pas de vagues ... ouste Martine Leroy, bienvenue à un Olibeau ou autre muet du sérail.
Tout le monde connaît le principe du CHE : "un ministre ça ferme sa gueule ou ça fout le camp". Thierry Del Poso, à un autre niveau, va plus loin que Jean-Pierre Chevènement. La discipline préconisée par le CHE est celle de la gestion politique (le gouvernement), c'est la solidarité normale du pouvoir exécutif. Celle de TDP est imposée au niveau du pouvoir délibératif, là où précisément il s'agit de discuter, non de fermer sa gueule. Le pouvoir délibératif (celui d'une assemblée, d'un comité, d'un conseil) a pour mandat de discuter, de réfléchir collégialement, d'échanger les arguments et de choisir. Une assemblée, ça parle et ça débat ... sauf dictature du prolétariat, des ayatollahs, des duce, führer ou caudillo. En démocratie, fut-elle régionale, départementale ou communale, une assemblée c'est fait pour débattre; un élu est élu pour donner son avis, même s'il est divergent, surtout s'il est divergent ... sinon il ne sert à rien.
Mais ici, la loi ce n'est plus celle du CHE, c'est celle du Ché. A Saint-Cyprien, on ne fait pas du Chevènement, on fait du Ché (le vrai, pas son pseudo local), le Ché Guévara : "un conseiller, ça ferme sa gueule ou ça fout le camp". Outre la solidarité des adjoints, "soudée" et donc passive (les soudures, ça ne bouge pas ou ça claque), outre la solidarité taiseuse et oiseuse des délégués, sous-délégués et autres figurants (ça s'appelle "l'équipe majoritaire"), la loi du Maître c'est le silence dans les rangs. En juillet 2010, on évince les Pugnace de Sud-Roussillon, du port, de l'Epic par délibération arbitraire du Conseil (annulée ensuite par le TA) et en 2012 par une sombre manoeuvre on les fait démettre d'office du Conseil, la Cour d'appel jugera bientôt. Ici le corollaire du principe du Ché est simple: j'ai tout faux mais je persiste, "perseverare diabolicum", chaque fois que la justice réintègre les casse-pieds (casse-pieds = Pugnace), on les chasse de nouveau; mais chaque fois que la justice chasse les amis (Humpage par exemple) on les réintègre immédiatement.