700 personnes à Perpignan pour les voeux du maire, 2000 à Saint-Cyprien: les chiffres mesurent l'importance de la fête (et du marketing, et du coût) sinon la qualité de la vedette. Faute pour nous d'avoir participé à la célébration municipale annuelle, le compte-rendu de presse nous en relate l'essentiel du message politique. Rassurons-nous: ces liesses populaires et onéreuses n'entraveront pas la priorité de T. Del Poso qui est de "désendetter la ville": le chroniqueur n'a pas noté comment. En revanche il a relevé tous les détails qui ont présidé à l'organisation de ce solennel festival d'autocongratulation et promotion du chef de village: "la scène n'a rien à envier aux salles de concert. Avec son design élaboré, ses jeux de lumière bien chiadés, le tout entouré par deux écrans géants. Décor oblige, c'est donc en véritable "rock star" que le maire est apparu au pupitre. Accompagné par une musique du tonnerre" et ajoute-t-il, avec semble-t-il quelque malice, "le spectacle a l'air de plaire" à preuve le satisfecit décerné par la représentante d'une opposition politique présumée non complaisante.
On ne peut manquer de penser aux suites de la somptueuse réjouissance offerte par le surintendant Fouquet à son souverain Louis XIV laquelle fut si éblouissante que le monarque aurait déclaré dans le carrosse de retour « Ah, madame, est-ce que nous ne ferons pas rendre gorge à tous ces gens-là ? » ... et le surintendant se retrouva bientôt à la Bastille. Certes Del Poso conviant le peuple souverain à son buffet de Grand Stade n'est pas le magnifique surintendant en son superbe domaine de Vaux-le-Vicomte, Dufraisse n'est pas plus La Fontaine qu'Humpage n'est digne de Vatel (irait-il jusqu'à s'embrocher avant qu'il ne lui soit fait justice ?) Mais au lendemain qui déchante, le jour des gobelets sales et des factures à payer, la cérémonie ressemble fort au chant du cygne de la rock star. Bien sûr, "épanoui" en son one-man-show le cygne savoure l'appétence des électeurs pour son spectacle apéritif. L'absence des "grands" de la cour départementale, ces sénateurs qu'il a aidés ou ces députés réputés amis, n'est pas plus offensante (aujourd'hui) que celle de l'opposition terroriste ... Après-demain est un autre jour. Et n'oublions pas janvier est le mois de Janus, le Dieu aux deux visages.
A propos d'opposition terroriste, l'Indépendant n'hésite pas à évoquer "les attentats judiciaires et médiatiques" que T. Del Poso leur impute. Formule intéressante (il faut bien le dire aussi !) dans la bouche d'un avocat que cet accouplement contre-nature de la justice et de l'attentat. La justice à venir attenterait-elle illégitimement à la primauté absolue du chef de village? ou n'est-ce qu'un lapsus et a-t-il voulu dire "les attentes judiciaires" ? Terrorisme, attentat il n'y a plus de démocratie à Saint-Cyprien, c'est le star system, en verlan rats system.