Au niveau des masses et au travers des évolutions depuis 3 ans, la pratique budgétaire (on n'ose pas parler de politique budgétaire) semble étrange. Et plus encore extravagante, incongrue, paradoxale.
1°/ une extravagance : le montant du budget.
Le budget décide le montant de crédits nécessaire pour assurer les services publics communaux (fonctionnement et investissements) et ces services sont grosso modo constants d’une année sur l’autre. Entre 2010 et 2013 il n’y a pas eu de réforme dans l’organisation ni dans la qualité des services. Et la population n’a guère varié en 3 ans, en tout cas pas de façon à modifier fluctuer les besoins de crédits. Or les masses budgétaires ont enregistré des variations surprenantes. Les montants des budgets ont évolué sans aucune régularité : voyez plutôt …
- Budget primitif de 2010 = 29 millions 436
- Budget primitif de 2011 = 53 millions 980 soit + 85 %
- Budget primitif de 2012 = 42 millions 583 soit – 21 %
- Budget primitif de 2013 = 36 millions 452 soit - 14 %
A tout le moins, la continuité n’est pas la ligne directrice des autorités budgétaires de la ville. En fait, c’est M. Ambroise qui a fait les budgets : je m’explique pour dissiper tout risque de diffamation, c’est la vente du camping Al Fourty et c’est le « cash » de M. Ambroise (encaissé en 2011) qui a bouleversé toute la logique budgétaire. Car il y a une deuxième étrangeté :
2°/ une incongruité : le suréqulibre des budgets.
Etrangeté pour le moins paradoxale dans une commune qui, la campagne électorale de 2009 l’a suffisamment mis sur la place publique, souffre de deux maux, le surendettement et la surimposition, deux maux endémiques rarement générateurs d’excédents budgétaires. Or, ici, miracle (disons plutôt « mirage ») le budget s’équilibre par la magie des reports d’une année sur l’autre. Le budget 2011 (avant le « cash Ambroise ») n’avait enregistré qu’un report de 373 000 €. Mais ensuit : en 2012 le budget primitif s’est engraissé de 3 millions 296 euros et record en 2013 les excédents récupérés au BP sont de 4 millions 237.
Ces excédents reportés (4,2) représentent 11,66% du total du budget (36 millions) et même bien davantage si l’on exclue les dépenses d’ordre qui sont comptabilisées dans le total.
Ce qui veut dire que le produit de la vente du camping a été thésaurisé (au Trésor public), gelé depuis 2 ans, sans aucun profit, sans aucun emploi pour la commune, subissant même la dépréciation monétaire. La commune a certes adopté une délibération technocratique relativement à la gestion de la dette, elle a même un consultant financier mais, comme nos aïeux qui glissaient les billets épargnés entre les draps de lit, la commune a laissé dormir dans la caisse du trésor le cash de M. Ambroise. Cela lui a permis de se constituer un oreiller permettant d’avoir un budget confortable en 2013 et 2014 : les élections sont là. D’où le montage artificieux d’une provision de 3 millions d’euros, destinée théoriquement à amortir les variations éventuelles de taux (sur les emprunts à taux variables), mais surtout à structurer la réserve électorale de 2014.
Voilà comment ici on continue à ne pas faire de bonnes finances mais on fait de la petite politique. Jacques Bouille faisait de la cavalerie en finançant les amortissements d’emprunts par de nouveaux emprunts : il finançait l’immédiat par les impôts légués à la génération suivante. Thierry Del Poso finance l’immédiat en liquidant le patrimoine, il puise dans les avoirs transférés par les générations précédentes pour huiler au jour le jour des budgets dénués d’ampleur et de dessein politique. L’augmentation des impôts viendra après épuisement de la tire-lire.
3°/ un paradoxe : les contributions et la dette.Face aux deux maux hérités de la gestion précédente, le surendettement et la surficalistion, on nous l’a assez rabâché : la gestion rigoureuse de cette majorité aurait permis de ne pas augmenter les impôts et de réduire la dette. Or que constate-t-on quand on compare les budgets ?
- Le produit des contributions directes est passé de 11.076.000 en 2010 à 11.935.000 en 2013. La commune n’a pas augmenté les taux d’imposition (mais elle ne les a pas baissés malgré l’actualisation des bases) et le produit encaissé a néanmoins augmenté : les impôts payés par les contribuables ont augmenté de 7,78 %
- De l'autre côté, la dette dont on nous dit qu’elle a été réduite de 30% pèse toujours autant sur le budget communal. Les annuités payées par la commune sont de :
- 4, 333 millions en 2011
- 4, 370 millions en 2012
- 4, 198 millions en 2013
Donc pour résumer, constatons que l’alourdissement fiscal a été très nettement supérieur (859 000 euros) à l’allègement de l’annuité (moins de 200 000 euros): quelle efficacité !
Ces observations sur les masses et les évolutions montrent encore une fois que la politique budgétaire pâtit toujours de la même irréflexion sur les perspectives et d’une improvisation relevant du bricolage dont témoignent l’insignifiance du Débat d’orientation budgétaire et l’absence dans le document voté le 6 mars de toute présentation mettant les chiffres en cohérence et fixant les grands choix.
Faute de grands choix on tentera pour comprendre ces étrangetés d’entrer, demain ou après-demain, dans le détail des dépenses en analysant quelques articles significatifs.