Ne cédons pas à la facilité d'écrire port de plaisir. L'émotion suscitée par l'ouverture d'un bar musical libertin au verso du quai, quoique légitime, gagnera à se décanter avant que le sujet puisse être apprécié au regard des diverses questions posées et éventuellement de la gouvernance municipale s'il s'avérait que celle-ci soit d'une façon ou d'une autre impliquée dans cette implantation commerciale.
L'activité de cet établissement, abstraction faite des appréciations morales que chacun est en droit d'exprimer, est à la fois libre, conditionnée par certaines autorisations et précautions (de droit public et de droit privé), et elle reste soumise aux règles du code pénal. L'identité des propriétaires et gestionnaires sera de ce point de vue appréciable pour présumer de la qualité de l'exploitation, ou la surveiller. A ce jour, on ne saurait extrapoler d'informations fragmentaires qui appellent des clarifications. D'abord le site promotionnel n'indique ni son webmaster ni l'identité de la personne (physique ou morale) responsables, ce qui est inquiétant comme tout ce qui est dissimulé. Ensuite on peut croire que la municipalité aura à coeur d'une part de se positionner par rapport à cette innovation, d'autre part d'assumer ses responsabilités au plan de l'urbanisme, de la sécurité civile, de l'environnement et de la police. Il ne s'agit pas là d'ordre moral mais d'ordre public.
Et cette notion de "public" - ordre public, domaine public, intérêt public, service public - doit constamment être rappelée. Notamment sur le port pourtant doté d'une équipe de pilotage étoffée (en nombre s'entend, avec 2 ou 3 adjoints ayant à en connaître). La saison débutante a vu se réinstaller les terrasses et diverses installations d'un esthétisme douteux, souvent exotique, plus proche du souk ultramarin que des commerces sélect d'un port de plaisance ambitieux. Or souvenons-nous, le programme électoral du candidat était bien venu et très ambitieux pour relooker la vitrine du port et réanimer les festivités villageoises. Aujourd'hui, le domaine public est envahi selon les convenances des uns, les tolérances amicales des autres, sans grand souci (apparemment) des espaces publics destinés à la circulation ni de l'harmonie urbanistique des installations. Ce n'est sans doute qu'une coïncidence, due selon les mauvais esprits à l'affectivité spontanée du public et du privé, si les cafés d'angle, les favoris de l'autorité municipale, ont une forte propension à se développer sur les trottoirs.
Rénovation, modernisation, embellissement ... au point mort. Encombrement hétéroclite et odeurs mêlées en façade. Musique intime et espaces câlins au verso. Est-ce cela qui initie l'allongement de la saison et la venue des barcelonais que nous ont promis tout à tour le directeur du tourisme et le maire?