C'était trop triste Saint-Cyp quand on lisait l'Indépendant du 23 février 2011 : pensez UN ENORME CINQ COLONNES A LA UNE, sur la garde à vue du directeur du port, on se croyait revenu deux ans en arrière. Mais comme c'était rassurant en page 3 de découvrir un maire sentimental, attaché à ses collaborateurs et immédiatement prêt, merci Madame la journaliste, à venir sauver la moralité du directeur du port injustement jeté en pâture à la méchanceté de l'opinion publique par une UNE dégoulinante. A croire qu'il y avait encore dans cette garde à vue une manipulation, comme dirait Mme Pineau, une manipulation de l'opposition haineuse.
On comprend que notre maire en fut "attristé" lui dont on sait tout ce qu'il a dit de son cher directeur du port ... On était prêt à fredonner avec lui sur un air d'Aznavour :
" Que c'est triste Saint-Cyp "On cherche encore des mots
Le soir sur la lagune Mais l'ennui les emporte
Quand on cherche une main On voudrait bien pleurer
Que l'on ne vous tend pas " Mais on ne le peut plus"
Bref, aujourd'hui on peut le dire: hier notre maire a réussi à pleurer, un peu, sur ses rêves enfuis et sur sa solitude. Mais il n'a pas longtemps cherché ses mots. Il est avocat, parler il sait faire, même quand il ferait mieux de se taire car relisez ce qu'il dit à la journaliste :
Le maire " attristé "
Je ne savais pas que Serge Pallarès était en garde à vue. Je suis attristé politiquement et humainement parce que l'on va à nouveau reparler de Saint-Cyprien de façon négative, réagissait le maire actuel Thierry Del Poso, hier soir. Attristé aussi parce que depuis que je suis maire je travaille avec lui dans d'excellentes conditions. J'espère que cette garde à vue ne se soldera pas par une mise en examen parce que c'est quelqu'un qui participe à la vie de la commune, à son développement et à ses projets, de façon très active. Au départ, je n'avais que des soupçons sur Jacques Bouille au sens strict. J'ai été surpris que certaines personnes aient été touchées et ça me surprend encore plus deux ans après que cela concerne Serge Pallarès. Il y a trois têtes primordiales au fonctionnement de la commune : le directeur de l'office de tourisme que j'ai changé quand je suis arrivé, le directeur général des services dont je n'ai pas eu à me séparer car il a été mis en examen et le directeur du port. J'ai pris le parti de voir si on pouvait travailler ensemble. Il n'y a aucun problème. C'est quelqu'un sur qui je m'appuie. Si il y a encore des investigations, j'espère que cela va se faire rapidement pour que l'on puisse travailler sereinement. Que l'enquête se termine vite, qu'il y ait un procès et que l'on tourne la page ".
Il faudrait tout souligner mais tenons-nous en à l'essentiel sur le cas particulier et sur les considérations qui l'accompagnent.
1°/ Sur le cas particulier du directeur du port. Le maire était triste de ses ennuis parce qu'il s'appuie sur lui. Il vante et justifie leur collaboration. C'est bien la moindre des choses que la collaboration soit devenue bonne entre eux, 18 mois après que le maire ait annoncé le licenciement du directeur trop bien payé: s'il n'y avait pas des raisons de service public quels seraient les motifs de cette bonne entente? Alors était-il nécessaire de le dire? pourquoi le faire savoir si précipitamment? Etait-ce pour couper court aux médisances qui feraient un amalgame? pour jouer le bon larron et déchaîner les méchants sur un leurre ? pour recoller des pots cassés?
Ce plaidoyer du patron en faveur de son directeur pouvait sembler courageux hier dans l'adversité. Aujourd'hui que la UNE s'est apaisée on s'interroge : ce plaidoyer aussi inutile qu'empressé était-il altruiste, du genre "je t'aime, toi non plus"? ou prudent, façon pour le maire de dire que s'il y a des reproches à faire au directeur du port, ce n'est pas lui qui les fera ni qui les a fait ... à charge de réciprocité évidemment.
Cet empressement à répondre à la journaliste (encore merci!) ne peut pas ne pas être calculé. Il est trop contraire à la déontologie pour être présumé naïf. Le jour même de la garde à vue et sans en connaître les griefs, était-il convenable que M. DEL POSO donne le sentiment d'interférer dans l'instruction par ce témoignage de moralité, témoignage de poids venant du maire et d'un avocat ? Pourquoi le 1er magistrat de la ville (expression consacrée et en l'espèce déplacée) vient-il mettre son nez dans l'affaire judiciaire si elle ne concerne que le passé? pourquoi n'attend-il pas qu'on l'interroge si elle concerne le présent et son propre vécu ? Sa responsabilité en qualité de représentant de la commune partie civile dans l'affaire eut justifié une prudente expectative jusqu'à ce que son propre avocat (de l'avenue Mozart à Paris) lui communique des informations précises sur l'instruction, informations destinées rappelons-le à défendre les intérêts financiers et moraux de la ville mis à mal par les présumés innocents.
2°/. Sur les considérations plus générales qui accompagnent l'éloge du gardé à vue. Le maire a rappelé qu' " Il y a trois têtes primordiales au fonctionnement de la commune : le directeur de l'office de tourisme que j'ai changé quand je suis arrivé, le directeur général des services dont je n'ai pas eu à me séparer car il a été mis en examen et le directeur du port." On ne peut pas mieux souligner ses erreurs d'appréciation ou ses favoritismes. Le même qui annonçait qu'il allait dégager le budget communal des "gros salaires" n'a agi que sur les "innocents" non ennuyés par la police : Bertrand, le directeur du tourisme que l'on évacue avec un beau pécule, et Planas, le directeur des musées. Il a gardé dans ses organigrammes les simples "présumés innocents", c'est-à-dire les mis en examen, Bolte et Montor, au risque de justifier des recours de leur part et de déboucher encore sur des transactions juteuses (pour eux) et le gardé à vue d'hier qui reste en activité sans doute parce qu'on a besoin de lui pour "compenser" l'adjoint au port.
Admirons cette grossière duperie à prétendre qu'il n'a pas eu à se séparer de Montor parce que celui-ci a été mis en examen ... Enorme injure au bon sens et énorme injure aux citoyens de la ville : c'est parce qu'il avait commis des fautes (qu'il était présumé avoir commis des fautes) que Montor a été mis en examen, c'est parce qu'il avait commis ces présumées fautes dans ses fonctions et au détriment de la commune et aux dépens des contribuables et au mépris des citoyens que Montor devait faire l'objet d'une procédure disciplinaire en vue de sa révocation. Le maire ose dire le contraire. Jusqu'à quand prendra-t-il les cyprianais pour des imbéciles et jusqu'à quand les cyprianais accepteront-ils d'être traités en imbéciles? Il a payé MONTOR pendant 6 mois, dans le cadre d'une suspension qui devait selon la loi déboucher sur une procédure disciplinaire, il n'a pas engagé la procédure disciplinaire. Et les services de l'Etat, ceux des Finances qui contrôlent les paiements et le Préfet qui surveille la légalité ont laissé faire, on a payé sans exiger l'application de la loi: MONTOR mis en examen est plus que présumé innocent, il est amnistié administrativement (la justice appréciera plus tard).
Enfin tout est bien qui, aujourd'hui, finit bien pour le directeur du port. Le maire pourra travailler "sereinement". La sérénité, aspiration suprême de notre maire, est de retour. Vive la sérénité, il faut regraver le fronton de la mairie en trois points évidemment :
ILLEGALITE
SERENITE
FRATERNITE *
* *
Mais attention, la journaliste prévenait hier en fin d'article
"Pourtant, le dossier ne serait pas encore fini..."