Le rapport de l’office du tourisme, joint au compte administratif soumis au vote du conseil municipal du 20 juin, est censé rendre compte de l’activité touristique de 2012. Sur ses 42 pages une seule porte sur la « fréquentation de la station ». Le reste du document décrit les diverses actions de l’office et de ses dérivés (éditions, salons, publicités, informations, film, marketing, questionnaires, courriers, stages, animations, visites, jeux, spectacles, expos, apéritifs, produits gadgets, tournois et entraînements sportifs, ateliers). C’est un rapport consacré exclusivement aux moyens mis en œuvre et qui n’aborde nullement la question des résultats.
Ce papier illustre tout à fait la conception du tourisme à Saint-Cyprien, une conception institutionnelle et évènementielle. Le tourisme à Saint-Cyprien c’est un office, ce n’est pas une activité économique. Or l’office, l’EPIC, c’est d’abord un organisme, un organisme secret qui refuse le comité d’entreprise (avec sanction du TGI) et en sabote l’élection, qui garantit l’emploi amical d’un directeur (mal nommé et sanctionné à deux reprises par le Tribunal administratif), qui permet des recrutements discrets et préférentiels et des licenciements arbitraires (sanctionnés à deux reprises par le Conseil de Prud’hommes). C’est ensuite un organisateur de petites et multiples festivités, de spectacles et de prétendus évènements destinés à complaire au public touristique.
Jamais personne dans l’institution, ni le président, ni le directeur, ni le comité de direction, ne semble s’être posé la question utile : à quoi ça sert de faire venir et de satisfaire des touristes ? Pourtant M. Ambroise qui siège au comité connaît la réponse : il aurait pu leur expliquer que pour lui le touriste n’est là que pour générer du « cash », pour produire du liquide, pour rapporter.
De façon moins triviale disons que l’EPIC est un établissement public à caractère industriel et commercial, ce qui définit sa double vocation : d’une part de service public chargé de valoriser et promouvoir les atouts de la station et d’autre part d’acteur économique de développement et de profits collectifs, pour la commune et pour ses habitants. Les moyens mis en œuvre par la commune, personnel, finances, locaux, structures diverses, n’ont d’autre finalité que de contribuer à améliorer les revenus de la collectivité et de ses habitants, les commerçants d’abord mais aussi indirectement l’ensemble de la population et le budget communal. Le tourisme n’est pas le jouet de quelques responsables, ni une entreprise d’emplois protégés, ni une entreprise de spectacle gratuit pour vacanciers, c’est une entreprise d’intérêt communal qui doit viser et atteindre des résultats. Or de résultats économiques et financiers il n’est pas question dans le rapport Humpage.
La page consacrée à la « fréquentation de la station » (page 24) donne deux tableaux.
- Le 1er tableau donne sous forme de graphe les pourcentages de remplissage des hôtels (pour 3 mois) et des campings (pour 4 mois) : aucun chiffre sur le nombre de nuitées, ni même sur les capacités d’accueil (ce qui aurait permis une estimation grossière), aucune indication même sur la répartition entre chaque catégorie d’accueil; a fortiori aucune indication sur les durées de séjour et les budgets des vacanciers. La seule information est que août est meilleur que juillet et que le remplissage des campings est supérieur à celui des hôtels ! On ne sait même pas si 2012 est meilleur que l’année précédente. Quant au nombre d’emplois ainsi créés ou à l’évolution du chiffre d’affaire global de ces établissements, la question reste totalement étrangère aux préoccupations du directeur du tourisme.
- Le 2ème tableau, classique, est celui du tonnage d’ordures ménagères, dressé en mois de 2007 à 2012. Le critère est classique mais dans le cas particulier il ne donne lieu à aucune interprétation : on rappelle simplement sous le tableau l’évaluation statistique selon laquelle chaque habitant produit 800 grammes de déchets par jour de juin à septembre et 600 g le reste de l’année. A chacun de faire les calculs, les comparaisons et les conclusions. On le fait ci-dessous mais avant tout soulignons le mépris ou l’incompétence de ce directeur, deux fois mal nommé et deux fois annulé, qui ne prend pas la peine, ou qui a honte, de traduire en nombre de touristes les tonnes de déchets collectés.
Ceci est révélateur de notre tourisme : c’est un office qui crée de l’emploi, dépense de l’argent, organise des événements, pour séduire des milliers de touristes (on ne sait pas combien) qui produisent des tonnes de déchets (ça, on sait combien).
On dirait, si on était méchant, que M. Humpage organise du bruit pour produire des ordures.
Pour faire l’effort, qu’il ne fait pas, d’analyser la fréquentation à partir des ordures, notons que la comparaison entre la 1ère année du tableau (2007) et la dernière (2012) fait apparaître que :
- Le tonnage d’été (juillet, août, septembre) est passé de 2 950 tonnes à 2 890 soit une baisse de 2%
- Le tonnage de l’inter-saison (mai, juin, octobre) est passé de 1 049 à 1 001 soit une baisse de 4,6 %
On comprend que le directeur, deux fois mal nommé, s’abstienne de traduire les ordures en touristes puisque cela fait apparaître une baisse sur la pleine saison (ce qui mériterait au moins une explication) et un échec total par rapport aux promesses d’élargir la saison. Echec d’autant plus criant que même en nombre de visiteurs reçus dans les locaux de l’office les catalans du sud ont chuté de 63 % (page 19 du rapport) ce qui appellerait là aussi une ou deux explications.
Autre échec patent : malgré la participation au salon d’Oslo, avec terrain de pétanque à l’appui, en janvier 2012, le nombre de demandes d’information en provenance de Norvège (donc de touristes réels) est nul (page 13) : M. Humpage a fait fanny.
On comprend pourquoi son départ de Saint-Cyprien est annoncé …