Le dernier commentaire d'hier (farce) a bien résumé le DOB "théâtralisation du pouvoir" et en a bien décrit le spectacle vu du public. Reprenons et poursuivons sur ce constat affligeant. Un fauteuil et une bouteille, c'est la grande orientation du DOB, ce débat d'orientation budgétaire qui devait se tenir le 22 mars 2011. Un fauteuil noir en faux cuir et une bouteille d'eau coiffée de son gobelet en plastique, voilà les symboles de majesté que Thierry Del Poso, maire de Saint-Cyprien, a affichés pour régner sur le conseil municipal et glorifier sa préséance absolue.
Le décor est connu, de la triste salle de réunion de la mairie, mais le 22 mars le décorum a changé : les accessoiristes avaient, sur ordre du metteur en scène, ré-organisé l'agencement des tables du conseil et de l'espace du public. Faut-il en imputer le concept au zèle boute-feu d'un nouveau dir. cab. conquérant et empressé à concrétiser la toute-puissance du maître des lieux? Le montage semble bien du niveau d'un néophyte sûr de lui, accouru de Gujan-Mestras pour coacher un team en perdition. Le résultat fut au niveau de son maître, maître de cérémonie qui, acculé à la défensive, cherche désormais dans l'agressivité et dans l'humiliation de ses vis-à-vis à affirmer un pouvoir louis-quatorzien branlant.
Un fauteuil de faux cuir n'est certes pas un trône mais quand son noir volume, à défaut d'esthétique, est planté au centre de la table en fer à cheval, entouré de modestes chaises de bois à la couleur indécise et à l'assise raide, chacun pressent avant l'heure que le séant qui va se poser là aura une dignité et une respectabilité indiscutables. Une bouteille d'eau et son gobelet en plastique qui attendent face au fauteuil de majesté n'ont eux-mêmes de sens emblématique que par leur unicité: ils sont les seuls sur les tables des élus. Le seigneur du fauteuil est le seul à avoir le droit de se désaltérer. Il est ostensiblement seul, "puissant et solitaire", seul à bénéficier pour son palais et son fessier d'égards privilégiés.
Rectifions: la table latérale près de l'entrée est dotée de 3 autres flacons... c'est la table de la presse ... il faut soigner sa communication en même temps que sa vanité, son palais et son fessier.
Ainsi, les accessoires dressent la hiérarchie des acteurs. Un premier rôle avec fauteuil et boisson. Des faire-valoir à cajoler (boisson et gobelet): les journalistes. Des comparses à maîtriser: chaises raides, pas de boisson mais une place sur le fer à cheval autour du 1er. Des exclus (Sadourny, Guiraud, Pugnace) relégués sur leur table à l'écart du fer à cheval.
Enfin un public condamné à la station debout : 24 chaises offertes à la centaine de citoyens présents afin de faciliter la sélection naturelle des bons amis (installés avant l'heure au 1er rang) ou de la claque prête à tout, aux dépens des citoyens plus âgés ainsi dissuadés d'assister au "débat".
Débat? l'autre brimade, primaire, est révélatrice du sens des débats: le maître de cérémonie, ou le majordome de Gujan-Mestras, a décidé symboliquement de priver tous les élus de papier et de bic. Pour les comparses du fer à cheval, on comprend qu'il s'agissait de leur interdire de griffonner des dessins ou commentaires salaces et de les contraindre à une attitude de fausse attention. Pour les vis-à-vis de la contestation, il s'agissait de leur faire comprendre qu'ils ne pouvaient attendre du maître que des paroles, qu'il ne leur fallait compter que sur leurs propres moyens, que leurs écrits ne comptaient pas, pas plus qu'eux-mêmes et pas plus que leurs propos.
Le trouble dans l'ordonnancement solennel de la soirée vint hélas! de ces vis-à-vis de la contestation qui eurent l'indécence de solliciter de Sa Majesté que fussent apporter au public quelques commodités de la conversation (c'est ainsi qu'au siècle du roi-soleil on dénommait les "chaises"). Sa Majesté n'entendit pas dans son fauteuil en faux cuir noir l'humble requête pour ses vieux sujets assemblées face à lui. Il fallut que les fâcheux contestataires passent de la parole au geste, cèdent leur siège aux citoyens et "siègent" en conseil debout face à sa majesté calée en son fauteuil de faux cuir noir.
Il fallut attendre ainsi une heure et demie pour que le conseiller docteur du roi suggère à celui-ci d'avoir une once de clémence et d'ordonner à sa troupe de concéder quelque assise à ses 8 trublions érigés face à lui comme des bourgeois de Calais, humiliés mais fiers, pointés comme un blâme sur le roitelet en son faux cuir. Une heure et demie pour que le bon docteur et son méchant ami prennent conscience de leur indécence ... la réflexion est lente en ce conseil.
Lente mais violente. Car armée du réglement. Le règlement c'est le sceptre de papier. La 1ère adjointe, drapée dans sa dignité outragée, l'illustrera quelques minutes plus tard: "c'est notre volonté" répondra-t-elle souveraine (souveraine par délégation) à Marie-Pierre Sadourny qui l'interrogeait sur le petit train. Le règlement, la police de l'assemblée, voilà le charisme de Del Poso: menace brandie, menaces réitérées d'avertissement, d'exclusion, d'évacuation. Dommage que la lettre de cachet ne soit pas prévue dans le code général des collectivités territoriales et dans le règlement intérieur du conseil de Saint-Cyprien. Il faudra que les ralliés de la onzième heure (du groupe des abstentionnistes, qui passent enfin de "l'opposition constructive" (sic) à la table des notables) voient avec le coach comment remédier à cela.
De ce qui s'est dit, debout ou assis, on parlera plus tard, la forme pour l'instant signifiant plus que le fond qui fut creux, creux mais troublé, plus encore que de coutume.
On le sait le style c'est l'homme. Le commentateur d'hier évoquait audacieusement Bokassa, lequel empereur sanguinaire avait les moyens de s'offrir un trône ruisselant d'ors et de mauvais goût. Manque d'or, restent la prétention et le mauvais goût. On recourt au faux cuir noir et à la bouteille en plastique, c'est moins durable que les atours de Bokassa 1er. Espérons pour son émule, version mini, que ces accessoires seront recyclables.