Après les « Vas te fer foutre », le crachat aurait fait son apparition en mairie et serait dorénavant utilisé pour éconduire les quémandeurs et autres gêneurs,.
Mais à quel type de cracheur a-t-on affaire ?
S’agit-il du cracher sportif ou phénomène appelé aussi « effet Zidane » ?
Martin Monestier « se plaît à désigner les sportifs sous l'appellation quelque peu ragoûtante de "cracheurs automatiques". "Cette famille regroupe les très nombreux cracheurs qui glaviotent inconsciemment, de façon mécanique, et dans la presque totalité des cas sans la moindre conscience de ce qu'ils sont en train de faire. Leur rythme est effréné car plus ils crachent plus leur salivation est stimulée. C'est surtout le cas des sportifs et, par voie de conséquence, des adolescents qui à trop vouloir s'identifier à leurs héros en adoptent leurs belles manies."
Pas étonnant que les crachats envahissent les trottoirs et cours de récréation, mais qu’en est-il des lieux publics ?
Saint Cyprien inaugure-t-il un nouveau mode de communication ?
Peut-être s’agit-il d’une régression.
En effet, au Ier siècle de notre ère, les femmes crachaient sur leur nourrisson pour le protéger du mauvais œil et cette pratique s’est perpétuée jusqu’au XIXè siècle en Irlande, en Suède ou en Italie. En Corse, il est arrivé qu’un militaire complimente une petite fille et oublie de lui cracher au visage pour la protéger du mauvais œil. Sa grand-mère se rendit le lendemain à la garnison, armée d’une petite cuillère, pour que le fautif y dépose un glaviot à faire ingurgiter à l’enfant. Pendant des millénaires on a cru que le crachat pouvait guérir. Jésus rendit la vue à un aveugle en crachant par terre et en lui maculant les yeux de ce mélange de salive et de poussière. Le crachat a des dimensions ésotériques, érotiques, mystiques, métaphysiques, sociales, religieuses. Il ne correspond à aucune nécessité physiologique, ce qui lui donne tant d’importance: cracher est un acte volontaire, parfois lourd de sens» Il y a une forme d’avilissement dans le fait de se faire cracher dessus, ou de recevoir des éclaboussures mousseuses.
Au travers de cette analyse sociale de l’utilisation de ce fluide corporel, chacun trouvera à quel type de cracheur on a affaire en mairie de Saint Cyprien !
Martine LEROY