Le nouvel adjoint aux finances est sans doute le seul des 20 à savoir distinguer la comptabilité en partie double, qui est de règle normale en France, de la comptabilité en partie trouble que l'on pratique volontiers en notre bonne ville de Saint-Cyprien. Sans reprendre l'historique des dérives qui a conduit les finances communales dans le tréfonds de l'endettement et de la surimposition, notons que (à petite échelle certes car on est en fin d'exercice et on n'a pas eu beaucoup d'imagination) on poursuit sur la ligne antérieure de la programmation à crédit. On engage des travaux, des études, des projets sans connaître le coût réel et en renvoyant le financement à l'année suivante.
Quelques exemples d'actualité (conseil municipal du 28 décembre 2009):
- le rapport n°6 : on détermine le terrain d'implantation de l'aire de grand passage des gens du voyage, ce qui est nécessaire, mais on ne sait pas quelle sera la charge pour la commune au motif que Sud-Roussillon sera le maître d'oeuvre, en oubliant donc que le contribuable de notre ville fournit à 70 % les recettes communautaires.
- le rapport n° 16, recrutement de non titulaires pour 2010, où il est dit que les crédits budgétaires correspondant (non chiffrés) seront inscrits au budget primitif de 2010.
- le rapport n°17, réalisation de profil de plage où on présente comme une demande de subvention (c'est toujours sympathique) un dossier d'études qui appelle des crédits dont on dit en fin de page qu'ils seront inscrits au budget communal dont le rapport ne donne aucune estimation mais dont à force d'insistance a été indiqué un montant approximatif de 60 000 €
- le rapport n° 20, l'aménagement de la plage des Capellans, où l'on approuve le dossier fait par l'Etat pour plus de 509 000 €, on autorise le maire à signer les marchés et on indique, comme précédemment, que les crédits nécessaires seront inscrits au budget de la commune (sans préciser de quelle année).
Voilà 4 dossiers qui vont peser sur les finances de la ville en 2010. Signe révélateur de l'inconscience des décideurs: on ne soumet aucun de ces dossiers à la Commission des Finances cependant présumée être là pour valider la faisabilité financière d'un projet: il est vrai que cette sacrée commission est composée de gens qui ont la prétention de discuter et de demander des explications, voire (suprême outrage) de faire des objections ... alors autant la court-circuiter, ça gagne du temps, ça économise de la salive et ça évite des confrontations risquant de devenir houleuses en public, ce qui n'améliorerait pas l'image oecuménique de la municipalité.
Finalement nul ne sait - le comptable ne dit pas, le maire ne cherche pas à savoir, les votants "oui, oui" s'en moquent - quel type de recettes permettront d'y faire face. Quel chef de famille (raisonnable) procéderait ainsi à la commande d'une voiture neuve ou d'un canapé de salon sans en avoir le financement?
Ce qu'on appelle la capacité d'autofinancement (autrement dit les fonds propres, l'apport du budget sur ses économies de gestion ou des recettes supplémentaires) était en négatif les années passées: la gestion programmée pour 2010 va-t-elle dégager des marges de manoeuvre? Autrement dit le plan de redressement indispensable est-il suffisamment avancé pour permettre d'espérer que ces dépenses décidées le 28 décembre (y avait-il urgence?) seront couvertes aisément, par exemple en réduisant les dépenses ordinaires de la commune (personnel, achats et entretien, subvention, charges financières)?
Ou faudra-t-il encore emprunter c'est-à-dire alourdir toujours l'endettement? aux dépens des générations qui suivent
ou va-t-on renier les promesses de campagne et augmenter d'ores et déjà les impôts? on n'augmente pas les tarifs du port ... mais on ne dit toujours rien sur les impôts.
Bonne année à tous les contribuables pour 2010.