Sur les marchés du Périgord on vend les truffes sous le torchon, pour donner à leur mystère une valeur supplémentaire et pour négocier discrètement entre initiés. A Saint-Cyprien aussi on a des marchés de plein vent et on a même des adjointes qualifiées en ce domaine mais on n'a pas de truffe. A Saint-Cyprien aussi on aime bien négocier en cachette, c'est la "culture" locale : on achète des tableaux en douce, on recrute des copains et des cousins, on transige en secret des licenciements et des indemnités, on noyaute les associations, on cache les documents ou on les aménage, bref on se complaît dans la gestion grise des intérêts publics comme d'autres pratiquent dans le commerce privé le marché noir ou le marché gris. La dernière trouvaille - la rumeur s'étend sur la ville même si les services de la mairie démentent sans sourciller - c'est donc la vente à la sauvette du camping Al Fourty. On aurait même donné les clés à "l'acquéreur" ce qui, dommage collatéral imprévu, mettrait les "resto du coeur" sur le trottoir. On vend sans le dire tout en le laissant savoir, on vend sans avoir le droit mais on se l'arroge ce droit régalien de disposer à sa guise des biens publics, car on est "sorti des urnes", on vend à la chute des feuilles d'impôt pour se faire quelque monnaie en 2011.
Ce n'est pas une idée neuve que de vendre ce camping, elle ne serait pas forcément mauvaise si elle était bien réfléchie et bien menée, on en parle depuis longtemps, le maire précédent a failli le faire avant de partir en prison, le nouveau le fait sans attendre. Il le fait au mépris de tout. Au mépris des institutions et en violation des compétences (c'est normal, il est avocat donc voué à plaider coupable) car c'est le conseil municipal qui doit décider la vente d'un bien communal. Au mépris de ses engagements personnels car il avait solennellement promis un débat sur le sujet : voir ci- dessous sa déclaration du 9 mars 2010. Au mépris de la réflexion financière: on vend en fin d'exercice, sans avoir analysé lors du débat d'orientations budgétaires d'abord l'intérêt de la vente, ensuite le produit jugé souhaitable, enfin le réemploi de ces recettes (va-t-on les affecter au désendettement, au financement des investissements de 2011, aux dépenses de fonctionnement? on n'a rien appris sur ce sujet de Stratorial et de Dominique Andrault). Au mépris des procédures: on n'a pas rendu publique la mise en vente, on n'a pas demandé au conseil comme pour les appartements de lancer la publicité, on a "négocié" sous le torchon et le torchon fait un peu sale.
On négocie en douce, ce qui autorise tous les mal pensants à mal penser, ce qui pousse tous ceux qui se souviennent des turpitudes passées à crier "ça suffit!", ce qui indigne tous les démocrates qui savent que quand un élu dissimule tout c'est parce qu'il veut cacher quelque chose. Quoi?
C'est le 9 mars en Conseil municipal que le maire a livré le fond de sa pensée sur le camping Al Fourty. Le fond est un peu vaseux et la pensée trouble mais c'est du Del Poso dans le texte :
"S’agissant du camping Al Fourty, l’option de la vente pure et sèche a été abordée. On n’a pas encore pris de décision mais ce n’est pas une bonne solution à mon sens de vendre un bien immobilier, c’est vrai que cela générerait des recettes à court terme, mais de fait et par définition si on le vend on n’en est plus propriétaire. Alors il y a d’autres solutions qui sont actuellement à l’étude, soit des solutions de crédit bail, soit la constitution d’une SEM, soit un mode d’exploitation différent, le but étant de conserver à terme la propriété du terrain, la propriété du foncier et de générer à très court terme, dans l’immédiat, des rentrées pour nous permettre de diminuer le montant des annuités que nous avons à rembourser et de retrouver une certaine capacité de financement. A l’heure où je vous parle toutes les options sont ouvertes. Il n’y a strictement aucune décision qui soit arrêtée puisqu’il s’agit quand même d’un dossier qui est particulièrement important "
Vous avez bien lu: il y a trois choses claires dans cet exposé confus : si on vend on n'est plus propiétaire (sic), le but est de conserver la propriété du terrain, rien n'est décidé.
Si on continue la lecture, on se rassure:
"Il n’y a strictement aucune décision qui soit arrêtée puisqu’il s’agit quand même d’un dossier qui est particulièrement important et croyez qu’aucune décision ne sera prise sans concertation réelle avec l’ensemble des élus, y compris ceux de l’opposition, parce que c’est une décision qui ne va pas simplement engager la majorité actuelle pour les 4 ans à venir mais c’est une décision qui va peser sur l’ensemble des mandats à venir, que ce soit nous ou quelqu’un d’autre, peu importe. Il faut penser à l’avenir et c’est donc une décision collective, une concertation collective qui aura lieu avant de prendre une décision définitive sur ce camping. "
On est rassuré, n'est-ce pas ? le maire dit qu’aucune décision ne sera prise sans concertation réelle avec l’ensemble des élus, y compris ceux de l’opposition, on n'aucune raison de douter de sa parole et de son respect de l'opposition, n'est-ce pas ? La concertation collective promise avant de prendre une décision définitive sur ce camping n'ayant pas eu lieu la rumeur doit donc être fausse, le maire va démentir en toute hâte et ouvrir la porte d'Al Fourty au resto du coeur. Il n'osera pas,car c'est un vrai démocrate du Nouveau centre (n'est-ce pas ?), il n'osera pas mettre tout le monde devant le fait accompli au prochain Conseil municipal. A moins qu'il n'ait trouvé un truc pour vider tous les élus de l'opposition du Conseil comme il a viré les Pugnace de l'Epic pour pouvoir faire ses mauvais coups en cachette, sous le torchon.
A moins qu'il ait décidé de se discréditer définitivement et totalement.