Pour couper court à toute interprétation, disons que ce billet n’est en rien destiné à prendre parti en nous immisçant dans le différend qui oppose la mairie à Mme Régine Arnaud, gérante de l’Hôtel du Port.
Pour bien comprendre ce qui suit, vous devez savoir que Mme Régine Arnaud, certainement en désespoir de cause, n’a trouvé d’autre solution que d’entamer une grève de la faim, pour attirer l’attention sur le harcèlement dont elle s’estime victime et pour tenter d’infléchir l’intransigeance de la mairie dans l’affaire qui l’oppose à la commune. Nous ne portons donc jugement que sur l’attitude de ceux qui ont la charge des affaires communales, au premier rang desquels, bien sûr, le maire Thierry Del Poso.
Les faits : Mme Régine Arnaud a reçu en son hôtel, mercredi matin, la visite du directeur de cabinet du maire et de son directeur de communication venus, à n’en pas douter, s’enquérir sur place de l’état de santé de la gréviste. En guise d’encouragement et d’apaisement, elle est traitée de "malade" en même temps qu’on lui promet des lendemains difficiles ! Un peu plus tard dans la matinée, retour du directeur de cabinet accompagné cette fois de deux gendarmes. Une visite sans but avoué, histoire certainement de faire constater à la force publique la dangerosité du personnage récalcitrant. A cette occasion, le directeur de cabinet qui décidément ne fait pas dans la dentelle a tenu à proclamer urbi et orbi : “ nous sommes ici chez nous et vous allez partir. ” L’intimidation n’ayant eu aucun effet, sont arrivés, un peu plus tard encore dans la matinée, 3 policiers municipaux et un huissier pour procéder à… la pesée de Mme Arnaud !
“ Madame, vous n’avez pas de pèse-personne ? ” demande l’huissier. “ Non ? Pourtant tout le monde a un pèse-personne chez lui. Demandez à vos locataires ! ”. Abasourdie et impressionnée par la présence policière, Mme Arnaud s’exécute et déniche un pèse-personne auprès d’un de ses pensionnaires. Elle refuse cependant de se prêter à cette pesée à l’intérieur de son établissement, pesée humiliante qui a donc lieu, grâce à la “ mansuétude ” de l’huissier et sous le regard ennuyé et vaguement piteux de la police municipale, à l’extérieur… sur le devant de l’hôtel !
Nous tairons le résultat de cette première pesée qui laissa apparemment l’huissier perplexe au point de revenir l’après-midi, muni d’un autre pèse-personne, propriété de son épouse et donc réputé plus fiable. “ Vous êtes mal partie, Madame. Méfiez-vous ! Allez, montez sur cette balance ! ” ordonne l’huissier commis par la mairie et donc peu enclin à l’empathie. Nous tairons également le résultat de cette seconde pesée. Mais nous ne résistons pas au plaisir douloureux de partager avec vous la remarque délicate de cet exécuteur des basses œuvres, sur un ton que nous vous laissons imaginer :
“ Vous avez pris 300 grammes, Madame !”.
Ce que nous en pensons : ces faits, dont l’absurdité et l’enchaînement pourraient être le point de départ d’un mauvais vaudeville, sont d’une telle violence symbolique qu’ils ne peuvent inspirer que mépris pour les exécutants et condamnation pour leur commanditaire. Ils sont l’application désormais bien rôdée d’une méthode de gouvernance qui s’appuie sur le cynisme, l’instrumentalisation du droit, l’intimidation par la menace, l’abus de pouvoir par l’abus de faiblesse. Ils témoignent d’une totale indifférence aux autres lorsqu’ils ne servent pas l’intérêt particulier du maître. Avec un tel “ savoir-faire ”, de telles décisions, de tels comportements, il arrivera forcément un jour où l’excès de morgue et d’égoïsme clanique, conjugué à la sottise et à l’aveuglement que procure le sentiment d’impunité, aggravera la désespérance d’un moment et produira une tragédie.
Nous assurons Madame Arnaud de notre profonde indignation face à la vulgarité de ceux qui ont trempé dans cette pitoyable mise en scène et nous nous emploierons à faire connaître et apprécier les méthodes indignes de ceux qui ont reçu mission légale d’administrer notre commune dans l’intérêt et le respect de tous ses citoyens.
Dernière minute : voir dans l'Indépendant les déclarations du maire et les accusations lourdes qu'il lance contre Mme Arnaud et son établissement pour justifier le comportement de ses préposés link