Bien sûr il ne s'agit pas avec cette photo du lundi 16 novembre de mettre en résonance le bruit de l'engin de destruction qui submerge le petit musée avec la minute de silence respecté le même jour à midi devant la mairie en hommage aux victimes du 13 novembre. Gardons-nous de cette indécence ... même si on peut penser que l'urgence à démolir aurait pu être suspendue encore un jour de silence.
Le silence significatif est en l'occurence celui dans lequel on maintient le conseil municipal à qui on n'a jamais présenté le projet d'aménagement urbain dont cette démolition est le coup d'envoi, à qui on n'a jamais demandé ni même annoncé la fermeture du musée ... auquel cependant on l'avait convié en mars 2014.
Veut-on épargner aux élus cette nostalgie électorale? ou aux anciens celle, intellectuelle, des conférences, fort intéressantes et fréquentées, qui y étaient données avant 2009? Veut-on se protéger de l'angoisse artistique en épargnant au conseil de se prononcer sur la disparition du centre d'art contemporain dont hier encore, place de la République (quel symbole!) la vieille glycine retombait comme en pleurs d'automne sur l'affiche renversée de l'exposition "le pays catalan à l'affiche"?
"Centre d'art contemporain" ... cela rappelle quelque projet grandiose, sinon démesuré, du précédent maire dont les opérations préliminaires (achats compulsif d'oeuvres d'art et Mas des Capellans) avaient suscité l'insurrection politique puis policière qui lui fut fatale. Cela ne peut manquer de rappeler que si un pan du voile fut levé sur ces oeuvres (par une exposition partielle dans l'autre musée), l'opacité est tenacement entretenue sur le sort de ce patrimoine et même sur sa consistance.
Ce qui fut l'arme conquérante du candidat Del Poso - "où sont passés les tableaux" - s'est enrayé dans l'écharpe du maire. La mobilisation du couple HUMPAGE-MISME (alias les guides sans frontières !) pour faire un audit, pour dresser l'inventaire, pour inspirer la réflexion sur le destin de ces acquis coûteux (et désormais stérilisés), la mobilisation est amortie comme si les guides avaient perdu la piste.
Evoquer ces souvenirs qui restent des interrogations insatisfaites n'est pas un artifice pour réouvrir des plaies communales, polémiquer sur des ruines ou pinailler par art du désoeuvrement. On peut discuter au regard de l'urbanisme, de l'image et du bien-vivre de la ville sur l'ouverture au vent et au défilé de voitures que va créer la béance de l'ex-musée ou disserter sur l'aération offerte à la place par l'abattage de bâtiments en piteux état. On peut penser, mais ce n'est qu'une opinion subjective, que la place risque d'y perdre en harmonie architecturale et que la disparition de ce petit carré sous glycine tue un espace modeste mais qui aurait pu inspirer une affectation plus conviviale (café, restaurant, club) qu'un parking fut-il agrémenté d'un palmier à charançons. En tout cas, on a raté une occasion d'avoir un débat sans grand risque politique mais lui-même porteur d'échanges divers sur la ville et la vie du centre.
Il est vrai que pour court-circuiter le conseil municipal il y a un instrument bien commode : Sud-Roussillon. On fait financer par la communauté de communes (dont évidemment le contribuable de Saint-Cyprien paiera 80% sans le savoir), on fait passer les marchés par Sud-Roussillon et le tour est joué : 4 millions HT ... au départ. Coîncidence : c'est le même montant que le gymnase, sera-ce le même calendrier?
Cette brutale rupture du silence, donc du deuil national, permettra à Pugnace de revenir à son feuilletage du petit livre noir. La vie doit continuer.