Le communiqué de Thierry Del Poso, maire de Saint-Cyprien, publié aujourd'hui dans le journal sous le titre "Attention faux démarcheurs" met en garde les habitants contre les démarchages illégaux ou abusifs ou les ventes de faux calendriers de Sud Roussillon. Il conseille la prudence, ce qui est la sagesse.
Cependant il enchaîne sur une remarque qui détonne avec la sage prudence qui s'impose au 1er magistrat de la commune. Il écrit expressément : "des gens du voyage pénètrent dans les propriétés privées. S'introduire illégalement dans une propriété privée est sévèrement sanctionné par le code pénal".
Pour lever le doute, le communiqué précise aussitôt: "à cela s'ajoute l'élagage des arbres, nettoyages des toitures, peintures des façades ... ceux-ci (il s'agit donc des gens du voyage précités) affirment disposer d'une autorisation du maire pour cela, ce qui n'est nullement le cas."
Si les faits sont exacts et s'ils ont été constatés, ce qui n'est pas exclu ni contesté ici, il appartient à l'autorité de police de les verbaliser et de les faire sanctionner par la justice puis de mettre en oeuvre les actions de prévention appropriées.
Mais il est contraire à la mission d'un maire - qui est chargé de gérer la paix sociale - d'exacerber ainsi les méfiances mutuelles et les animosités inter-groupes en extrapolant à partir de comportements particuliers ou de simples suspicions et en jetant de façon générale le discrédit sur une communauté de passage contre laquelle il a déjà appelé la population à se mobiliser. Les évangélistes venus d'ailleurs ne sont certes pas tous angéliques, mais peut-être ni plus ni moins que les "gitans" du département ou toute autre catégorie de la population (ados, toxicos, clodos, fachos ...) Mais quand bien même les niveaux de délinquance varieraient-ils selon les groupes ethniques, sociaux, culturels, religieux il n'est pas de la fonction, de l'autorité, de l'éthique c'est-à-dire du pouvoir et du devoir d'un élu conscient et responsable de cibler de façon générique une catégorie de coupables présumés ou potentiels.
Après l'appel au peuple de la semaine passée, la question se pose de plus en plus :
- Celui qui a la responsabilité de l'ordre public, donc la charge de prévenir les troubles, d'apaiser les craintes, de réguler les tensions, est-il dans son rôle en usant de la dénonciation collective, en dressant la population contre les gens de passage, déjà suspects de tout (même si ce n'est pas toujours faux) et qui dérangent tout le monde (même si c'est parfois vrai) ? J'entends déjà la réponse des courtisans qui clament et acclament. Entendrons-nous un jour les vrais "républicains" et la représentante de cette République qu'il a critiquée téléphoniquement le jour de l'invasion, les entendrons-nous défendre les principes de notre République ?
- Ou bien le maire prend-il des postures de politicien en campagne permanente - le sabre et la croix - pour surfer sur la vague extrémiste qui monte, qui monte, roule et gonfle ? Au risque en y ajoutant sa goutte d'eau salée de s'y noyer tôt ou tard.