Nous publions une critique du livre témoignage la mort en sourdine adressée à son auteur par un Universitaire qui découvre notre réalité Cyprianaise. Avec sa lecture, l’espoir reprend le cap de la raison et du bon sens commun !
" Depuis plusieurs jours déjà, j'ai terminé la lecture du livre à la fois très personnel et d'intérêt général : "La mort en sourdine". Ce livre n'est pas seulement inspiré par les sentiments ; il repose aussi sur une argumentation étayée, sur des preuves, comme doit l'être une enquête, "genre littéraire" que vous connaissez. Cette enquête est bien sûr à charge, mais on voit mal quels chiffres, quelles données incontestables pourraient être opposés à ceux et celles que vous fournissez. Pour vous réfuter, l'adversaire devra se placer sur un autre terrain. Sur celui que vous avez choisi, que pourra-t-il objecter? On a l'impression que la raison est de votre côté et qu'il ne pourra se défendre qu'en criant à l'acharnement, à la volonté de nuire, au complot. C'est d'ailleurs ce qu'il fait, comme vous le montrez bien des fois, et cela, apparemment, lui suffit et suffit à mettre de son côté une grande partie de la population.
J'ai découvert, en lisant votre livre, que la "démocrature" n'était pas un régime réservé à la Hongrie ou à d'autres pays (Pologne, Brésil) dans lesquels nous avons le réflexe de penser que cette perversion de la démocratie s'est installée. Cela existe aussi chez nous, mais au niveau local. Les preuves que vous en donnez sont innombrables et l'on est frappé de la similitude de fonctionnement entre la façon de gouverner des dirigeants de ces pays et la manière dont un maire, tel celui de Saint-Cyprien, administre "sa" commune. Le principe de base est le même : le suffrage universel est capté, détourné et ne sert plus qu'à légitimer les volontés de celui qui se présente comme mandaté par le "peuple". La justice et la presse deviennent ou sont mis en demeure de devenir les auxiliaires de la volonté populaire incarnée par un chef. Celui-ci sait entretenir la fidélité de son électorat en l'achetant par des faveurs et en lui désignant des ennemis. La démocratie est devenue démagogie. Elle n'a plus ce qui est indispensable à son fonctionnement : des contre-pouvoirs. Celui que vous incarnez subsiste, et c'est heureux, mais il est systématiquement dénigré, et il faut beaucoup de volonté et de courage pour persévérer.
J'ai aussi compris, à la lecture de votre livre, que ce que vous dénoncez était une conséquence, mais sans doute non voulue par les initiateurs de ce mouvement, de la décentralisation. Je vous rejoins tout à fait sur ce point. J'ai toujours pensé qu'à trop lâcher la bride, l'Etat permettait à des petites baronnies de se reconstituer, avec tous les effets pervers de ce mode d'administration, notamment le clientélisme.
On se rend compte enfin, en lisant votre livre, que la démocratie ne va pas de soi et qu'elle ne se réduit pas à quelques slogans ou aux apparences que lui donne la démocrature. Deux conditions au moins me paraissent indispensables pour qu'elle fonctionne et qu'elle soit dignement représentée par ceux à qui le pouvoir est confié : la première est désignée par un mot que ne doivent même pas connaître vos adversaires, ou qu'ils ont oublié, mais qui est pourtant le principe même de ce mode de gouvernement : la vertu, qualité qui en recouvre bien d'autres : honnêteté, impartialité, noblesse d'esprit, courage, hauteur de vue, désintéressement…. La deuxième est ce qui produit la vertu : l'éducation. Elle seule peut apprendre à vivre en s'élevant au-dessus de la seule recherche de son intérêt personnel à court terme et en recherchant l'intérêt général.
Votre livre, parce qu'il existe et circule, doit produire un effet et instiller au moins le doute et un début de réflexion chez certains. Il n'est pas possible que les choses ne changent pas, même si cela ne se fait pas dans l'immédiat. Les prochaines élections ne pourront pas être la copie des précédentes."