Peu de cyprianais seraient sans doute capables de la localiser bien que beaucoup l'empruntent souvent. La rue Jouy d'Arnaud est longue : elle va du rond-point des Massardes jusqu'à la plage en longeant le golf. Mais entre ce rond-point et les anciennes arènes, elle a une section paisible et agréablement bordée de majestueux platanes sacralisés du reste dans les plans d'urbanisme. Jusqu'à ces derniers jours, sa fréquentation restait assez bucolique, allant du troupeau de moutons aux promeneurs de chiens, chasseurs du week-end, randonneurs à pied, à cheval ou à vélo. Certes quelques véhicules publics (de Sud-Roussillon ou de la ville) et quelques familiers du quartier sillonnaient aussi cette voie dont l'étroitesse rend le croisement automobile malaisé.
Cette section est théoriquement en double sens interdit (!), les panneaux réglementaires l'affichent aux deux bouts. Une dérogation est cependant accordée aux riverains (et dans un sens aux services publics) avec une limitation de vitesse de 10 km/h.
Bien sûr, le berger excepté qui y a sa maison, le nombre de riverains domiciliés est quasiment nul et celui des riverains propriétaires ruraux ou fermiers doit se compter sur les doigts d'une main. Mais depuis quelques jours, depuis l'ouverture du chantier de voirie du village, donc depuis le barrage édifié à son entrée (côté Alénya), le nombre de riverains de fait s'est extraordinairement multiplié et la circulation intensifiée dans les deux sens interdits.
Car ces panneaux rouges ne retiennent personne. Pire, dans leur hâte de rejoindre au plus vite la sortie de cette zone interdite afin d'éviter les difficultés de croisement, les cyprianais de tous quartiers, autodéclarés riverains transitoires, prolifèrent et accélèrent au grand dam des piétons, joggers, cyclistes et autres promeneurs de chiens. Divers commentaires, qu'il serait malséant de reproduire ici, animent ces fréquentations peu compatibles et qui à la longue peuvent dégénérer en s'intensifiant.
Certes on n'imagine pas que les services de police et de gendarmerie soient distraits de leurs lourdes taches sécuritaires pour patrouiller entre les platanes et vérifier la domiciliation et la vitesse des riverains occasionnels. On ne pense pas non plus que les automobilistes prennent un perfide plaisir à venir se croiser acrobatiquement sur cette petite route de campagne; à les voir et les entendre; il semble que seul l'agacement les presse là.
Mais, considérant qu'une réglementation est édictée pour être respectée car elle est présumée avoir été édictée dans l'intérêt général par une autorité compétente, la question qui se pose est double : 1- comment faire respecter cette réglementation si elle est bonne et 2- faut-il la faire respecter ou la changer parce qu'elle n'est pas respectable?
Si on estime que la signalisation en place qui affiche la double interdiction de circuler (sauf riverains) doit être maintenue, il faut en prendre les moyens. Il faut empêcher que cette voie d'accès limité soit en fait transformée en une voie de transit de plus en plus fréquentée du fait des travaux et de plus en plus incommode voire dangereuse. Deux moyens sont envisageables. Soit on met en place un système de vidéo-surveillance qui trouverait enfin là une application concrète et permanente. Soit on matérialise l'interdiction de transit en tranformant la voie en double impasse: il suffit de la barrer en son milieu (en l'annonçant en bout), les riverains pourront continuer à accéder à leur terrain d'un côté ou de l'autre. Et la circulation à double sens se fera par le chemin de la chapelle.
Cela éviterait des conflits entre les divers usagers et cela permettrait à l'autorité de ne pas voir ses décisions bafouées en permanence et éventuellement sa responsabilité mise en cause en cas d'accident. Mais cela ne raccourcira pas les parcours des uns et des autres, bien au contraire, et cela ne fera pas tomber le niveau d'agacement des automobilistes locaux. Alors il serait raisonnable de réfléchir à d'autres solutions, soit au niveau du chantier (en réservant alternativement des voies de circulation vers le village), soit en organisant un grand giratoire dans ce secteur de la chapelle, soit en activant l'ingénierie municipale pour imaginer la bonne solution ... ou en implorant toujours St. JUDE.
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Etienne Jouy d'Arnaud fut maire de Perpignan au XIX ème siècle (peut-être député ?)
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