Puisque dans ses interviews d'hier (presse, radio, tv) le maire persiste à ressasser son seul argument "mon ego surdimensionné" il faut bien que je vous fasse aussi mon autoportrait
Voici le paisible retraité que j'étais en juillet 2009 quand un candidat aux municipales de Saint-Cyprien, inutile de préciser, est venu me demander de l'accompagner dans sa démarche qu'il présentait comme visant au renouvellement et au redressement de la commune. Mon expérience de la gestion publique, fondée sur un doctorat en droit et sciences politiques et sur 47 ans au service de l'Etat, à travers mes mobilités successives, les alternances politiques et les réformes institutionnelles, avait pleinement atteint son seuil de satisfaction (et de désillusions) en matière de pouvoir, d'honneurs et de responsabilité.
Mon ego en repos n'aspirait nullement à se remobiliser sur une telle compétition de pouvoir local. Je proposai simplement d'apporter mon concours et conseil en coulisse. Estimant sans doute que mon image d' "ancien" grand commis de la République, "honoraire" dit-on pour les Préfets et les TPG, pouvait ajouter à sa liste quelque crédibilité le candidat devenu pressant trouva le ton et l'argument pour me convaincre de le soutenir dans cette aventure si étrangère à mon tempérament. J'eus l'espoir de
pouvoir servir à quelque chose au lieu de me contenter de suivre les affaires de loin et égoïstement de regarder mûrir mes tomates et corriger les épreuves de mon dernier roman. Puis mon nom n'ayant apparemment pas nui à la liste "unis par la raison" j'ai moralement ré-endossé, avec le titre d'adjoint aux Finances mon ancien profil de gestionnaire et j'ai résolu de m'attaquer à la gestion financière ruiniforme de la ville. On connaît la suite.
Quand j'ai, avec mes amis de PUGNACE, tenté de convaincre le maire, et son entourage, qu'on ne ferait pas de bonnes finances si on ne faisait pas de bonne politique et de bonne gestion - ce qui supposait d'ordonner le zèle néophytes des arrivants dans une certaine méthodologie et un management rénové - j'ai dérangé, nous avons agacé. Il a semblé que l'invite à la réflexion et à la prise de décision collégiale, que le respect des procédures et le recours aux compétences, bref que la définition des règles et le pilotage des priorités portaient atteinte à la dignité de certains et à l'épanouissement de leur petit pouvoir. Autant dire qu'en quelques semaines on est passé du respect pour le doyen expérimenté au discrédit du "vieux" dont on se vantait sur les quais et les marchés de bientôt se débarrasser.
Je ne pouvais m'accommoder de signer des pièces financières ou de faire des exposés, écoutés distraitement, sur le redressement financier sans que soient engagées simultanément les réorganisations qui le conditionnent. Nous ne pouvions pas rester dans le groupe des silencieux comblés d'être là, soumis à sa volonté solitaire (et indécise) ou au ronronnement quotidien. Des silencieux prêts à signer, aux dépens de leur libre pensée et à défaut de débattre au fond, le pacte d'allégeance au chef.
Nul n'est indispensable. Le 25 ème élu ne manquera pas de signer les bordereaux et factures, de valider les opérations du maire et des autres ; il le fera de façon plus compréhensive que moi mais la liberté retrouvée me permettra de faire de façon plus attentive la lecture des décisions à venir. Je regrette simplement de n'avoir pas pu développer l'audit financier réalisé à ma demande et le plan financier que j'avais esquissé pour les prochaines années : le maire n'a pas souhaité que la présentation faite en commission des finances soit reprise en public. Je déplore aussi de n'avoir pu lancer avec Daniel BOYER l'audit organisationnel si nécessaire pour remettre de l'ordre dans la nébuleuse des structures et procédures communales. Il faudra bien reparler de tout cela ... même si le maire, après m'avoir notifié ma disgrâce par la police, nous ramène de Paris un merveilleux cadeau de Noël qui fera rêver provisoirement.
Jean JOUANDET