Le crédit est une invention merveilleuse. Comme la pile Wonder de grand-mère il ne s'use que si l'on s'en sert. Donc, monsieur le maire a vite compris qu'il ne s'use pas (le crédit bien sur ... mais le maire aussi) si l'on ne s'en sert pas tout de suite. Il suffit de dire on verra demain, aujourd'hui on reste dans la pénombre. Si demain la pile est morte, on ira chez le marchand et on en prendra une autre. Et on lui demandera de la mettre avec les autres sur le compte de la mairie. On est bon client que diable, le crédit agricole peut nous faire crédit, on a changé de gérant ce qui prouve qu'on va de l'avant mais on continue comme avant. On a bien vu que ça a duré un certain temps, ça a mal fini c'est vrai mais, nous, on a le temps, il faut nous laisser le temps, on vient d'arriver.
Demain est un autre jour, il sera toujours temps de passer à la caisse, l'heure n'est pas à s'embarrasser de problèmes d'argent, c'est mesquin, ce n'est pas régalien. L'urgence est là. Là où le maire l'a dit aujourd'hui et que les 20 petites souris grises ont dit "oui, oui". L'urgence impose la dépense, "oui, oui". La nécessité trouvera demain sans difficulté ("oui, oui") les quelques centaines de milliers d'euros qu'on a décidé de dépenser entre Noël et le jour de l'an. Ce n'est pas parce qu'on déjà très sur-endetté qu'on ne peut pas continuer à être insouciant, que diable! Ce n'est pas parce qu'on n'a plus aucune réserve qu'il ne faut pas dépenser.
D'ailleurs l'adjoint aux finances n'a rien dit là-dessus. Il doit avoir des recettes cachées. A moins, comme il est le dernier de la liste, qu'il ne soit le dernier informé.
A moins que le directeur du port ne découvre in extremis une autre astuce pour redorer encore sa gestion et justifier son haut salaire, haut salaire que l'on est réduit à subodorer puisqu'il est ultraconfidentiel (au point que le maire parti dit-il à la chasse aux hauts salaires ne l'a apparemment pas détecté ... ou s'en accommode complaisamment), à moins donc qu'il nous annonce avoir retrouvé dans un fond de tiroir des crédits qu'il avait oublié de dépenser ... mais il faudra attendre qu'il fasse et refasse ses comptes et qu'il veuille bien en rendre compte à la présidente de son conseil portuaire. Laquelle devenue maintenant 1ère adjointe aura d'autres chats à fouetter que d'en rendre compte au conseil dont les 20 petites souris grises savent bien qu'il ne sert à rien et qu'il y a là précisément une belle économie à faire: supprimer ces conseils dont on ne veut pas entendre parler et qui eux se gargarisent à critiquer en disant la vérité... c'est-à-dire que la pile wonder du lendemain n'éclairera pas les aveugles d'aujourd'hui.
Finalement la gestion d'une commune, c'est très simple: 20 petites souris grises et un fournisseur de piles de rechange et puis un jour, le plus lointain possible, quelqu'un qui vient éponger l'ardoise. Qui? comment? quand? c'est une autre histoire.