Sous le beau titre mi-tauromachique mi-Mitterrandien "entre ombre et lumière", l'Indépendant a publié un portrait, sympathique et flatteur, du Préfet des Pyrénées-Orientales. Tirant la substantifique moelle de ce publi-reportage, le journal résume "les missions d'un préfet" à la lumière de ces 2 jours bien remplis : sécurité, coordination des services de l'Etat, conseil aux collectivités locales, action économique, cohésion sociale.
" conseil aux collectivités locales " bien sûr et il y a du travail. Cependant, on croit se souvenir que dans le seul article qui traite du rôle des Préfets, la Constitution le définit précisément à propos des collectivités locales et d'une façon un peu plus large et forte. L'article 72 prévoit que "Dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de l’Etat, représentant de chacun des membres du Gouvernement, a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois."
Ce Préfet avait déjà expliqué à Alénya, sèchement mais clairement qu'il gérait dans l'ombre, notamment le contrôle de légalité sur les communes, et qu'il n'avait pas à rendre compte de son activité ce qui l'autorisait bien sûr à afficher la plus grave inconvenance républicaine qui soit pour un préfet, celle de ne pas recevoir les élus locaux et de ne pas répondre à leurs lettres. Il confirme là ce qu'il est. Le préfet est un conseilleur, pas un contrôleur. Les décideurs, maires, font ensuite ce qu'ils veulent et les administrés, contribuables n'ont qu'à se taire ou saisir les tribunaux ou attendre de nouvelles élections. On comprend pourquoi le cours de la vie locale est ici haché de contestations, de démissions, de décisions de justice, de délégations spéciales et d'élections anticipées qui permettent de reprendre les mêmes ou leurs clones qui continuent à recevoir de bons conseils et à ne pas les suivre.
Comparez les deux textes : l'Indépendant du 9 octobre 2010 et la Constitution du 4 octobre 1958. A vous de juger.
Pour compléter ce panaroma, il serait bon qu'un journaliste (on n'a pas dit la pigiste de la mairie) tente un semblable publi-reportage sur le maire de Saint-Cyprien. Encore faudrait-il qu'il puisse veiller très tard pour le suivre (en Conseil municipal)