La Cour des Comptes dans son dernier rapport, dont nous reparlerons, a noté que les ratios habituels (moyenne de strates nationales) n’étaient pas toujours adaptés pour apprécier la gestion des communes touristiques dont les charges et les recettes sont d’un niveau et d’une nature différentes de celles des autres communes de France. Dans le précédent article les comparaisons sur l’endettement portaient sur nos deux voisines, stations de même niveau et de même structure. Ces constats ainsi incontestables au plan de la pertinence sont accablants puisque notre encours de dette est bien supérieur au cumul de celui des deux communes d’Argelès et de Canet.
Le constat est accablant mais, si la municipalité actuelle n’en a aucune responsabilité, le simple constat ne règle pas le problème, il faut le traiter et là la responsabilité des gestionnaires actuels est majeure. Laisser les choses évoluer naturellement c’est-à-dire s’en remettre au temps qui passe (parce que chaque année il grignote le reste dû au fil de l’amortissement contractuel) et se borner à trouver au jour le jour quelque recette occasionnelle pour survivre, c’est la très mauvaise solution. Ce n’est pas une solution, c’est un dépannage.
Si on désendette pas on ne retrouvera le niveau de dette de Canet qu’aux alentours de 2025 (les analyses faites en 2009 le montrent). Le petit coup de pouce (le maire parle avec emphase de la « force du poignet ») donné grâce à la vente d’Al Fourty (soit 1,5 million) ne modifie pas substantiellement le tableau d’amortissement. La vente d’Al Fourty ne se renouvellera pas et les recettes extraordinaires qu’elle a produites (9,5) et que l’on a mises de côté pour couvrir les travaux de 2011 et 2012 ne sont que des expédients pour boucler des budgets de bricolage … avant les élections. On aura lancé quelques projets, on aura bouché quelques trous et consommé tout Al Fourty.
On ne reconstitue pas ainsi une capacité durable d’investissement sauf à envisager de poursuivre les aliénations au fil des budgets annuels à venir : ce peut être un choix, mais ce choix d’appauvrissement patrimonial continu (par cessions échelonnée d’immeubles et de terrains) doit être analysé, réfléchi, arrêté clairement en connaissance de cause et en responsabilité, pas de façon passive et dissimulée. Sur ce point (comme sur d’autres) le DOB est plus que vide, il est dangereux car il occulte le problème n°1 en se donnant l’apparence zen : tout va bien, faites moi confiance, on fait le club de boules, le gymnase et le quartier des pêcheurs, on verra bien demain, après moi le déluge.
Ce n’est pas tout. Outre la dette, le comparatif sur la fiscalité est aussi parlant. Voici le montant des impôts locaux perçus en 2010 dans les stations :
En milliers € €/habitant moyenne strate
ARGELES 7.288 717 458
CANET 9.992 808 458
SAINT-CYPRIEN 11.093 1019 458
On voit bien qu’on ne pourra pas reconstituer une capacité d’investissement par l’impôt et que le souhaitable n’est pas seulement de stabiliser les taux (comme le fait aussi Canet) mais de les réduire en tirant profit des augmentations légères de bases fiscales.
Enfin, s’il est vrai que les charges générales de Saint-Cyprien sont à peu près comparables à celles des voisines, cela ne justifie pas qu’on les augmente de 14 % en 2012 alors qu’il faut précisément réduire les coûts, parce que les recettes (autres que les impôts) ne vont pas augmenter et qu’ici il faut en plus dégager de l’autofinancement. L’autre point sensible est le poste « personnel » et là, quoiqu’en dise le maire en manipulant les ratios, la comparaison avec CANET est encore parlante : les charges de personnel 2010 étaient de 8 millions à Canet, de 8,5 à Saint-Cyprien avec compte tenu du différentiel de population un ratio par habitant de 654 € à Canet contre 805 ici. La situation en 2011 n’a pu que se détériorer pour nous.
Car ici on crée des emplois sans chercher à savoir combien ça coûte. Quand Gérard Colom pose la question au maire sur les emplois déjà décidés en novembre dernier et re-proposés au conseil du 8 février, le maire, les adjoints, les services ne savent toujours pas quel est le supplément de dépenses que cela représente et on dit tranquillement les dépenses sont prévues au budget ! Quand on aime et surtout qu’on veut se faire aimer on ne compte pas, ce sont les autres qui paieront.