Lorsque, payant en silence la faute d'un autre, Alain Juppé fut démis de ses fonctions ministérielles il faillit s'abandonner à "la tentation de Venise". Toutes proportions gardées évidemment, la même nostalgie d'horizons élégants et policés peut effleurer l'esprit, surtout en ces temps de farniente et de vagabondage, quand l'esprit lassé de s'indigner craint de lasser l'envie de remodeler son petit monde.
Mais trop de belles images et de bons souvenirs vénitiens gravés dans le coeur s'accommoderaient mal de cette pause indécise. Si pour souffler ou pour jouer, il faut céder à une tentation sabbatique ou à la pulsion du routard, la tentation serait celle d'un exotisme plus mystérieux, plus lointain et plus intemporel, partant plus prometteur qu'une Venise superbe, inépuisable mais trop romantique et intime.
Un correspondant inspiré, on ne saurait dire par quoi, a récemment suggéré une destination inattendue et insolite dont on ignore encore si la promesse énigmatique du nom, Shangaï, relève du fantasme ou du lendemain. L'étymologie la nomme, paraît-il, la "ville sur la mer" ce qui n'est pas sans attrait. Certains, dans l'histoire, l'ont érigée en " perle de l'Orient". D'autres en font plus crûment "le plus grand bordel du monde".
Entre-temps un avocat ami, bon avocat et bon ami (ça existe), m'a mis en garde. Il m'a fortement déconseillé de céder à la tentation nostalgique ou sulfureuse du trop célèbre "Shangaï express"; il paraît que ce n'est plus Marlène Dietrich qui est du voyage et que le voyage se termine parfois mal.
Nous nous contenterons d'aller à Marseille, dans 3 mois, à la Cour administrative d'appel.

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