Ce que nous publions ci-dessous se veut une contribution au débat qui agite notre société chaque fois qu’un fait divers met en avant les incivilités ou la délinquance des jeunes. A notre avis, ce correspondant s’appuie sur une analyse trop générale pour prétendre répondre au problème et épuiser la question. Mais il nous fait remarquer que le sujet trouve sa place dans le chantier du « vivre-ensemble », au cœur de toutes les échéances démocratiques. Nous sommes d’accord sur ce point. Voici donc ce qu’il écrit :
« L’actualité foisonne de faits divers qui montrent des enfants, juste adolescents pour la plupart, dans des rôles trop grands pour eux, jouissant de tout et réclamant, avec la force des caprices insatisfaits, une liberté d’action à laquelle ni leur éducation ni leur jeune âge ne sauraient les avoir préparés. Face à eux, un monde adulte qui, par paresse ou conformisme, hésite à user de son autorité et refuse ainsi d’assumer ses responsabilités, par démagogie ou lâcheté. Parents, éducateurs ou politiques, le plus souvent complices complaisants ou dépassés, acceptent d’installer dans une toute puissance sacralisée, et cela dès leur premier âge, les jeunes générations qui disposent en conséquence du pouvoir et des moyens de faire et d’agir alors même qu’elles n’ont encore ni la structure mentale ni les mots, ni les cadres sociaux ni les clefs, pour « comprendre le monde » et s’affranchir comme il se doit de leurs aînés.
Redoutable liberté que celle de ces jeunes, liberté prématurée qui s’exerce ainsi sans conscience et ne s’appuie que sur des désirs. Redoutable responsabilité de ceux qui exposent ainsi les enfants au nom de leur prétendu bonheur, au lieu de les protéger en les laissant dans leur âge d’enfants, le temps que se développent leur réflexion, leur jugement et un véritable esprit critique. Redoutable société où l’on peut certes apprendre des autres et de l’expérience jusqu’à la fin de ses jours, mais « sans jamais s’éduquer pour autant. »
Poser ce constat, c’est déjà tracer une ligne de conduite, faite d’exigence envers cette jeunesse qu’il faut éduquer en lui apprenant la patience, le respect de soi et des autres et le sens de tout contrat social. Son émancipation, nécessaire à son évolution, n’en sera plus tard que mieux instituée et plus féconde.
Mais poser ce constat, c’est aussi prescrire ces mêmes exigences aux adultes, qu’ils soient décideurs, faiseurs d’opinions ou simples citoyens. Sans cette réciprocité exemplaire, nul n’est fondé à donner des leçons au jeune âge impatient et sensible et dont le principal handicap repose sur l’incapacité de ses aînés à l’introduire efficacement « dans un monde qui ne l’attend pas ».