"Dès que la démocratie a atteint un certain stade dans son développement, un processus de dégénérescence s'installe, elle adopte ce faisant un esprit aristocratique, parfois aussi des formes aristocratiques, et devient similaire à ce contre quoi elle était jadis entrée en campagne. Alors surgissent en son sein ses nouveaux accusateurs qui la dénoncent comme oligarchie.
Mais après une période de luttes glorieuses et une période de participation peu honorable à la domination, ceux-ci se fondent en définitive dans l'ancienne classe dominante. Contre eux s'élèvent derechef de nouveaux combattants de la liberté au nom de la démocratie.
Et il n'est pas de fin à ce jeu cruel entre l'idéalisme incurable des jeunes et l'incurable soif de domination des vieux ... Telle est la signature la plus profonde de l'histoire partisane"
Ce texte est extrait d'un ouvrage paru en 1910, "sociologie du parti dans la démocratie moderne. Enquête sur les tendances oligarchiques de la vie des groupes" de Robert Michels. Même si la tentation est grande d'y trouver certain ressemblance avec une histoire récente et locale, cette analyse d'un sociologue italien d'origine italienne, publiée il y a plus d'un siècle, montre que même dans les partis les plus favorables à la démocratie, la tendance inéluctable de ces organisations consiste en la main-mise d'un petit groupe de dirigeants sur l'ensemble des membres.
Ces dirigeants en viennent à définir seuls les orientations du parti, en faisant mine de s'appuyer sur des décisions communes. Tout conduit à produire cette concentration de pouvoir entre quelques mains : les logiques d'efficacité dans la lutte partisane pour la conquête du pouvoir, la supériorité sociale (héritée) et intellectuelle (présumée) des leaders, comme le besoin de direction des foules et leur gratitude (soumission des humbles ou respect des modestes) à l'égard des chefs.
Le constat se répercute inéluctablement au niveau de la démocratie que les partis se partagent et où ils transposent la forme et la gestion aristocratiques qui assurent leur pouvoir.
Cette réflexion ancienne sur "la loi d'airain de l'oligarchie" est plus que jamais actuelle en ces temps d'abstention massive et de désillusion citoyennes. Elle stimule plus que jamais la réflexion sur la participation effective des citoyens à la vie de leur cité
Concrètement le journaliste Jacques Molénat, vieil observateur avisé de la vie politique régionale, présentera
son dernier ouvrage riche en portraits sur nos olygarques du Sud de France et dont à lui seul le titre est appétissantAvec Nicolas Caudeville, Pugnace vous y invite | ||||||||
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