Les habitants de Saint-Cyprien ont presque choisi l’équipe et le maire qu’ils veulent voir gérer les affaires de la commune. Mais dira-t-on à ces électeurs que dimanche prochain, à l’occasion du second tour, il leur faudrait penser, avec autant d’intérêt, à voter pour ceux qui leur semblent pouvoir constituer la meilleure opposition. Ceux qui auront le rôle de contrôler les actes du maire et de la majorité municipale. Faute d’une opposition qui joue ce rôle de contre-pouvoir, il ne faudra pas s’étonner que dans quelques années, on reparle de Saint-Cyprien.

Depuis 2008, les élus d’opposition dénoncent l’endettement de la commune. Mais avant ? L’opposition de la gauche, comme c’est souvent le cas, était principalement politique, idéologique. Il aurait pourtant, depuis longtemps, fallu que quelqu’un tire le signal d’alarme.

Une opposition qui travaille, qui a le nez dans les dossiers, peut déceler un grand nombre de dysfonctionnements. Si à Perpignan on entendait souvent, de bonne source, dire « Jacques Bouille touche sur tout », il est évident que cela serait arrivé à des élus ayant les oreilles et les yeux bien ouverts sur la gestion de Bouille et de ses acolytes. Entre 1989 et 1998, Jacques Bouille a eu une opposition active conduite par Jean Codognès. Ce dernier, et ceux qui siégeaient alors avec lui au conseil municipal, n’avaient pas hésité à activer la Chambre régionale des comptes et la justice, à mettre sur la place publique des affaires comme celle de la surfacturation d’honoraires d’avocats, de la criée, du quai Rimbaud qui a conduit le maire devant le tribunal correctionnel. La gestion de Jacques Bouille était alors sous haute surveillance. Et Codognès était la bête noire du maire. « Il ourdit toujours des complots, dans lesquels vous êtes considéré comme quelqu’un de pourri, de tordu », déclarait J. Bouille en juin 1998.

Il arrive qu’il y ait des excès, que la mission de contrôle soit détournée de ces objectifs. On l’a vu à Perpignan lors des conseils municipaux qui se sont tenus entre les élections municipales de 2008 et 2009. Jacqueline Amiel-Donat et Clotilde Ripoull jetaient la suspicion sur les décisions de la majorité.

Une opposition qui n’exerce pas d’action de contrôle des actes de la majorité n’a-t-elle pas une part de responsabilité quand sont commis des actes illégaux qu’elle aurait pu repérer ? Il est certain qu’il y aurait moins de dérives si les élus d’opposition jouaient mieux leur rôle. Mais cela suppose de l’investissement, du temps, de la formation, il en faut pour pouvoir comprendre un budget, un compte administratif, un dossier d’urbanisme. En réalité, une minorité d’élus, s’investissent comme il faut dans l’accomplissement de leur mandat d’élus de l’opposition, dans les conseils municipaux, mais également au conseil général.

On entend souvent dire toute sorte de choses sur la démocratie et ses défauts. Mais son premier défaut c’est de ne pas fonctionner suffisamment faute d’implication suffisante de ses acteurs.

L'urbanisme

Sujet sensible, l’urbanisme réclame beaucoup de vigilance. Les propriétaires font souvent du lobbying pour le classement de leur terrain en zone constructible. C’est un sujet que l'on évoque rarement. Peu de communes pourtant y échappent. Les promoteurs sont à l’affût des terrains à lotir …

Des élus peuvent être concernés… C’est le cas de deux personnes sur la liste de Thierry Des Poso. Les propriétaires terriens et les pros de l’immobilier sont des citoyens comme les autres. Il n’y a pas de raison de les suspecter. Mais tel a une activité de marchand de biens et se présente sous une autre profession, tel autre s’est lancé dans un second métier… La promotion immobilière. Ce qui ne figure pas non plus dans le casting de la liste. Si Thierry Del Poso a un doute sur la qualité de nos infos, qu'il n'hésite pas à nous contacter. Mais le problème dépasse la composition de telle ou telle liste. L’équipe qui gère la mairie pourra d’autant mieux résister aux sollicitations qu’elle sentira son action surveillée de près.

Il y a certes le contrôle de légalité de la préfecture, le contrôle du trésorier public sur les finances, le contrôle de la direction de l’équipement sur les constructions. Mais ils sont insuffisants. C’est un sujet sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Mais un préfet qui ferait trop de zèle sur le contrôle de légalité compromettrait sa carrière. De plus, la loi a établi un principe de libre administration des collectivités territoriales qui ne permet à l’Etat que d’intervenir dans des situations limitées et précises. Les dérives, comme celles de Bourquin, que nous dénonçons souvent ici, font souvent regretter l’époque où l’Etat chapeautait les élus. Mais un retour en arrière n’est pas une solution.

C’est principalement en faisant fonctionner la démocratie que l’on peut attendre une amélioration du fonctionnement des collectivités territoriales, une meilleure gestion et un retour de la confiance envers ceux d’entre nous à qui nous donnons mandat pour gérer les affaires de tous.

 

Et pour cela des élus de l’opposition disponibles, formés, décidés à jouer leur rôle sont indispensables.